
Le Manitoba compte soumettre une demande pour rejoindre les rangs de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à l’occasion du prochain Sommet de la Francophonie, qui se aura lieu en 2026 au Cambodge. Quelles sont les étapes pour y être admis et quel rôle y jouera la province?
Le Manitoba pourrait marcher sur les traces de la Nouvelle-Écosse et de l'Ontario, membres observateurs depuis respectivement 2024 et 2016. Pour devenir membre observateur de l'OIF, le gouvernement du Manitoba devra faire parvenir une lettre à la personne qui préside le Sommet de la Francophonie ainsi qu'à la secrétaire générale de la Francophonie pour leur faire part de son intention, selon le Règlement relatif à la procédure d'adhésion ou de modification de statut d'un État ou d'un gouvernement auprès de l'OIF.
La province doit aussi répondre, en amont, à plusieurs questions dans un formulaire d'adhésion et l'envoyer par courriel à cette organisation. Les États qui veulent se joindre à l'OIF doivent préciser entre autres le pourcentage de francophones au sein de leur population, les textes législatifs qui définissent le statut du français chez eux ainsi que la place du français dans le système scolaire et dans l'environnement culturel, notamment.
Des membres du personnel de l'OIF sont envoyés en
mission pour examiner le respect des critères
lors de l'examen d'une demande. Un comité est ensuite responsable d'évaluer chaque
candidature. L'acceptation d'une candidature est annoncée lors du Sommet de la Francophonie. Si sa demande est rejetée, un État peut déposer une nouvelle demande deux ans plus tard.
Que fait un membre observateur?
Toute demande d’adhésion se fait au statut d’observateur
, rappelle l'OIF dans sa documentation. Un statut d'observateur est accordé de manière pérenne pour privilégier l‘objectif d'approfondissement de la communauté francophone
.
Au sein de l'OIF, un membre observateur peut participer aux trois instances de l'organisation, soit le Sommet de la Francophonie, la Conférence ministérielle et le Conseil permanent de la Francophonie.
Cependant, il ne peut pas intervenir dans les débats. Il peut toutefois, après accord de la présidence, présenter une communication
à
la Conférence ministérielle, est-il écrit dans le document des Statuts et modalités d’adhésion à la Conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage.
Les membres observateurs peuvent aussi être invités aux autres manifestations de la Francophonie : conférences ministérielles sectorielles,
colloques, réunions d’experts, etc.
.
Les observateurs reçoivent l‘information et la documentation non confidentielles. De plus, les membres observateurs ne peuvent pas se porter candidats pour accueillir des réunions des diverses
instances de l'OIF. En ce qui a trait
à l'aspect financier, contrairement aux membres de plein droit ou aux membres associés, les observateurs peuvent contribuer volontairement au
financement de la coopération multilatérale francophone dans le cadre du Fonds multilatéral unique
. Ils doivent cependant débourser des frais pour la documentation de
l'OIF à laquelle ils ont
accès.
Une place sur la scène internationale
L'Organisation internationale de la Francophonie compte 93 États membres. Un total de 56 membres le sont à part entière, dont le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick. De plus,
32 États sont observateurs, parmi lesquels ont trouve entre autres la Louisiane. Le 20 mars dernier, le ministre responsable des Affaires francophones du Manitoba, Glen Simard, a
affirmé qu'une place à l'OIF placerait le
Manitoba comme un joueur sérieux à la table internationale de la Francophonie
.
Pour le président d'honneur de l'organisme Francophonie sans frontières, Benjamin Boutin, l'OIF est un moyen pour [le Manitoba] de voir ce qui se fait ailleurs, de
voir les bonnes pratiques et de coopérer ensuite en français
.
Francophonie sans frontières veut rapprocher les francophonies, comme l'explique son président d'honneur, également auteur de la bande dessinée À la découverte de la
Francophonie. Vous allez pouvoir être à la table, dit-il, écouter, donner parfois votre opinion. Mais vous n'aurez pas le droit de vote, par
exemple pour les grandes positions internationales prises par l'Organisation, que ce soit sur l'Ukraine ou sur d'autres sujets.

Lors du dernier Sommet de la Francophonie, il y a eu une déclaration de soutien au Liban, par exemple, ou alors une déclaration sur la
question des crises dans l'espace francophone.
M. Boutin soutient que l'OIF n'a pas un budget considérable mais fait des choses concrètes
.
Après la pandémie, l'OIF a aidé des femmes
entrepreneures. Ce que le Manitoba pourrait peut-être pousser avec d'autres gouvernements et États, ce serait que les actions se fassent également en direction des pays du Nord
,
suggère-t-il.
Ce qui fait notre force, c'est que nous sommes sur les cinq continents.
Beaucoup d'actions en ce moment se font vers l'Afrique, où 60 % de la population francophone se situe, mais il ne faut pas oublier la
francophonie des Amériques.
Le ministre Glen Simard a déjà approché le chef du protocole du Canada pour lui faire part de l'intention de sa province de se joindre à l'OIF.
Il compte aller chercher les conseils de ses collègues de la Nouvelle-Écosse et de l'Ontario dans sa démarche, lors du prochain Conseil des ministres de la francophonie canadienne, qui aura lieu à Yellowknife à la fin juin.
Un article de Simon Deschamps