défense


La résilience du peuple ukrainien face à la guerre

Intervention de Lisa Yasko, députée ukrainienne, au Forum de Caux, Suisse, juillet 2023

Elle s'appelle Lisa Yasko, elle a 33 ans et élève seule ses enfants. En 2014, elle a marqué les esprits en jouant du piano sur les barricades d'Euromaidan. Très engagée en Ukraine, elle est devenue députée, membre de la commission des affaires étrangères, référente pour la coopération inter-parlementaire.

 

En juillet 2023, son intervention au Forum de Caux, en Suisse, a illustré la résilience et le courage du peuple ukrainien, un peuple attaché à sa liberté, à la démocratie, à l'Europe. Depuis le 24 février 2022, les Ukrainiens résistent ; ils se battent chaque jour pour leur vie et leur liberté. L'agression russe a généré énormément de souffrances.

 

Les efforts du peuple ukrainien pour se protéger, défendre ses valeurs, son mode de vie, ses enfants, ses personnes vulnérables, sa liberté collective, sont un exemple pour toutes les personnes fidèles aux principes des Nations unies et du droit international. Cet exemple doit nous inciter à accélérer nos investissements pour la Défense européenne - qui ne peut se concevoir désormais sans les Ukrainiens.

A la suite de son intervention, une participante russe au forum nous a surpris en demandant pardon aux Ukrainiennes présentes. Elle a exprimé son regret d'avoir été trop passive face à la dérive autoritaire et belliqueuse du pouvoir russe, ces dernières années.

Cette intervention nous a rappelé que :

 

1 - Aucune démocratie n'est à l'abri de ce type de dérives, que la vigilance et l'action citoyennes sont indispensables à la préservation de ce bien fragile et précieux qu'est la démocratie ;

 

2 - L'une des clefs de la résolution de ce conflit perdant / perdant se trouve dans les mains du peuple russe. Celui-ci ne doit plus cautionner, dans la peur, une politique qui mène au désastre pour la Russie.

 

Merci à Initiatives et Changement de créer avec le Forum de Caux un espace de dialogue et d'engagement en faveur de la paix.


Leçons d'Afghanistan pour l'Union européenne

Analyse de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe, septembre 2021

Tour d'horizon des enjeux stratégiques en Afghanistan, à travers un dialogue d'une cinquantaine de minutes avec Emmanuel Dupuy, président de l'IPSE - Institut Prospective & Sécurité en Europe.

 

Après 20 années de guerre et d'efforts de stabilisation ayant coûté des centaines de milliards et de très nombreuses vies humaines, quelles leçons pouvons-nous tirer de l'expérience en afghane, notamment du point de vue européen?


Le voisinage de l'Europe

La Politique européenne de voisinage (PEV) encadre les relations entre l’Union européenne et 16 pays qui partagent une proximité géographique avec l’UE. Au moyen d’une aide financière et d’une coopération politique et technique avec ces pays, elle vise à établir un espace de prospérité et de bon voisinage.

 

Cette politique est régie par le traité de Lisbonne. L’article 8 TUE dispose que l’Union développe avec les pays de son voisinage des relations privilégiées, en vue d’établir un espace de prospérité et de bon voisinage, fondé sur les valeurs de l’Union et caractérisé par des relations étroites et pacifiques reposant sur la coopération.

 

Au-delà de ces 16 pays, il convient de regarder le voisinage de l'Union européenne dans une perspective globale, incluant la Russie, la Méditerranée (de là, l'Afrique) et l'Arctique.

Le jeu des puissances en Méditerranée, EFAP Paris, février 2021

Le président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe Emmanuel Dupuy est intervenu devant mes étudiants de l'EFAP, l'École des nouveaux métiers de la communication, dans le cadre de mon cours sur l'influence, le soft power et la diplomatie culturelle.

 

E. Dupuy a notamment évoqué les grands rendez-vous méditerranéens de 2021 qui remettront cette mer intérieure au centre des enjeux géopolitiques.

 


Le soft power de la Russie, EFAP Paris, février 2021

Voici plus de trente ans que l’Europe s’est libérée du rideau de fer et des absurdités d’un monde bipolaire marqué par la guerre froide. Avec la disparition de l’Union soviétique, la Russie, l’Europe et ses partenaires transatlantiques ont voulu croire, comme l’ont proclamé les chefs d’État et de gouvernement au Sommet de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe à Paris, en novembre 1990, que « l’ère de la confrontation et de la division en Europe avait pris fin ».

 

Vingt-cinq ans plus tard, à l’issue d’une réunion du Conseil OTAN – Russie, une des structures mises en place (en 1999) pour favoriser le rapprochement entre la Russie nouvelle et l’Occident, le porte-parole du président Poutine, Dimitri Peskov, constatait qu’on assistait au « triomphe de la méfiance mutuelle absolue ».

Retrouvez l'intervention de Leo Vyckemans, Mora Nezam et Vera Ageeva sur le soft power de la Russie dans le monde, présentée dans le cadre de mon cours à l'EFAP (janvier-février 2021) sur l'influence, le soft power et la diplomatie culturelle.


Quelle stratégie contre le terrorisme ?

Tribune de Benjamin Boutin, novembre 2020

Livre cristallisé, œuvre de Pascal Convert, bibliothèque des princes de Bloglie au château de Chaumont-sur-Loire (2020)

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Le terrorisme a une nouvelle fois frappé la France à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre et à Nice le 29 octobre 2020. Un professeur, Samuel Paty, qui avait décidé de montrer à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet, a payé de sa vie sa démarche pédagogique de sensibilisation à la liberté d'expression. A Nice, trois personnes ont été sauvagement assassinées pour s'être trouvées dans une église. Des familles, des témoins, des élèves, ne se remettront jamais de ces actes odieux. Ils en seront durablement affectés. Ces actes ravivent aussi les blessures des rescapés de précédents attentats, comme celui du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice. Outre le soutien que la communauté nationale doit à ces personnes, quelles réponses apporter pour lutter efficacement contre le terrorisme?


1. Le glaive et la balance

 

Les premières réponses, dictées par l'urgence et l'émotion, sont souvent d'ordre sécuritaire et judiciaire. Le gouvernement de Jean Castex a porté le plan Vigipirate à son niveau maximal et annoncé le renforcement des effectifs de l'opération Sentinelle de 3000 à 7000 militaires. L'objectif étant de mieux protéger les lieux de culte et les écoles. Dans le même temps, 187 enquêtes ont été ouvertes en France pour menaces, provocation à la commission d'infractions violentes ou apologie du terrorisme. Suite à l'attentat de Conflans, sept personnes ont été mises en examen pour complicité d'assassinat terroriste et association de malfaiteurs. Par ailleurs, près de 2 000 signalements ont été transmis à la plateforme Pharos, qui examine les contenus haineux en ligne en vue d'éventuelles d'enquêtes.

 

Le parquet anti-terroriste est à l’œuvre. La justice fait son travail : elle enquête, perquisitionne, juge. Encore faut-il qu'elle dispose des moyens suffisants. Même équation pour la police, appelée à intervenir sur tous les fronts. Les gouvernements successifs ont beau promettre des moyens supplémentaires, les actes suivent peu les discours. Cette année, le ministre des comptes publics a toutefois annoncé une augmentation de 6% du budget du ministère de la justice, qui manque cruellement de moyens. Une autorité judiciaire forte est nécessaire dans la lutte anti-terroriste, de même qu'une police opérante. Mais au-delà de cette question récurrente des moyens (qui pour toute politique publique doivent être évalués et contrôlés par la Cour des comptes, l’Inspection et le Parlement), la stratégie doit être multi-dimensionnelle, c'est-à-dire certes judiciaire et policière mais également éducative, économique, psychologique et philosophique.

 

2. Les hussards noirs de la République

 

Ainsi que le proclame Montesquieu dans l'Esprit des lois : « les connaissances rendent les hommes doux, la raison porte à l'humanité, il n'y a que les préjugés qui y fassent renoncer ». La tradition philosophique française a toujours misé sur la connaissance pour faire reculer la violence illégitime. Aussi, une partie de la réponse au terrorisme se trouve-t-elle dans les les écoles, les collèges, les lycées, les universités, les bibliothèques, les théâtres et tous les lieux de science et d'éducation qui font progresser la conscience, notamment des plus jeunes. Les terroristes l'ont compris qui, s'attaquant à un professeur, tentent de terroriser ses pairs et de les inciter à l'auto-censure. Depuis les lois scolaires « Jules Ferry » et le vote de la loi de séparation des Églises et de l'État, les enseignants sont bien ces « hussards noirs » de la République, selon l'expression de Charles Péguy. D'une République laïque qui offre à tous ses enfants une instruction libre et gratuite permettant de les amener à devenir des citoyens doués d'esprit critique.

 

3. Une résistance morale

 

Le peuple français est résilient (mais pas résigné) à voir se répéter les attentats. Il est prêt à toute éventualité, sachant que le terrorisme peut se manifester à n'importe quel moment, de façon ciblée ou au hasard. Ce mode d'action dont l'essence est, selon Gilles Ferragu, la « violence politique », est ancien : du régicide d'Henri IV (le 14 mai 1610 par un catholique fanatique du nom de Ravaillac) jusqu'à aujourd'hui, en passant par les poseurs de bombes anarchistes et nihilistes du XIXe siècle (qui faillirent emporter la vie de Napoléon III le 14 janvier 1858) et les actions violentes des indépendantistes basques de l'ETA au XXe siècle, la France connaît les différents visages du terrorisme. Cette histoire doit être enseignée aux jeunes.

 

Le terrorisme islamiste vise à monter les Français les uns contre les autres, à réactiver les guerres de religion. Mais les Français n'en veulent pas. Ils souhaitent dans leur immense majorité vivre en paix. Et comme l'a justement rappelé le ministre Jean-Yves Le Drian, « la religion et la culture musulmanes font partie de notre histoire française et européenne ». Chacun a la responsabilité de ne pas tomber dans le piège du terrorisme en contribuant à la désunion du pays. C'est cela, la résistance morale.

 

4. Les limites du tout-sécuritaire

 

A l'occasion de chaque attentat, on assiste à une surenchère verbale et sécuritaire prônée par différents partis. Cette surenchère est souvent inopérante. Le tout-sécuritaire atteint rapidement ses limites. D'abord parce que les profils des fanatiques sont variés. D'aucuns répondent à des commanditaires, d'autres à leur seule impulsion. Nombre d'entre eux sont des individus isolés qui décident de passer à l'action violente dans le plus grand secret, sans en informer quiconque, d'où la difficulté du travail des services de renseignement. Ensuite parce que leurs modes opératoires peuvent être indétectables et rudimentaires. A Nice, le fanatique a utilisé un couteau. Son prédécesseur dans l'horreur, le 14 juillet 2016, avait quant à lui foncé dans la foule avec un camion. Peut-on interdire la vente de couteaux et la location de véhicules lourds ?

 

Faut-il également truffer nos villes de caméras de surveillance ? A Nice comme ailleurs, leur efficacité est toute relative. Les policiers municipaux sont intervenus à Notre-Dame grâce à l'alerte d'un riverain, témoin de l’attaque. La police de proximité et le renseignement de terrain sont essentiels pour enclencher des interventions rapides. Un travail au plus long cours consiste à infiltrer les lieux de fanatisme, à effectuer une veille active dans les milieux et les réseaux de radicalisation religieuse. Beaucoup d'attentats sont, heureusement, déjoués à temps.

 

5. Le développement économique

 

Sans généraliser - car il existe une variété de profils de terroristes -, force est de constater que beaucoup d'entre eux sont sans emploi, n'ont rien à perdre. Et que les actes terroristes sont pour eux des gestes suicidaires porteurs de sens (selon eux). Ce sont en quelque sorte des actes ultimes de revalorisation d'un soi dévalorisé, suivant la logique : je ne suis rien mais je deviendrai un martyr. Le sentiment d'humiliation, comme l'avait démontré Dominique Moïsi dans La géopolitique des émotions constitue l'un des plus puissants moteurs à l'action violente dans le monde. Les remèdes au terrorisme tiennent donc aussi à la formation et au soutien à l'entrepreneuriat, à la lutte contre la pauvreté et à l'égalité des chances, à l'engagement citoyen et à une politique de la ville intelligente.

 

6. Un combat philosophique et psychologique

 

Le fanatisme - qui peut conduire au terrorisme - contient en son sein une part de folie. Voltaire, dans son Dictionnaire encyclopédique, avait déjà repéré cette dimension, en 1764 : « Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique ». C'est l'esprit philosophique qui, selon Voltaire, constitue la seule arme efficace contre cette « peste des âmes ».

 

Aux lendemains des attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015, je suggérais via une tribune que les intellectuels de toutes confessions se rendent dans les écoles, les prisons, les quartiers, pour débattre avec les jeunes et leur démontrer la nullité des doctrines qui prétendent détenir la vérité absolue. La politique anti-terroriste avait alors un chaînon manquant : le combat des idées. Cela reste d'actualité, y compris sur les réseaux sociaux.

 

Face aux fanatismes, une démarche préventive sera toujours plus déterminante pour préserver la vie humaine qu'une démarche répressive a posteriori . Le fanatisme contient en son sein une part de folie, disais-je. Or, la folie est une pathologie et la réponse aux pathologies est d'ordre médicale. Nos sociétés se doivent d'être particulièrement attentives à l'enjeu de la santé mentale des populations, comme l'a souligné le maire de Québec, Régis Labeaume, après qu'un homme de 24 ans, souffrant de troubles mentaux, a tué deux personnes et en a blessé cinq autres, le 31 octobre.

 

7. Une unanimité théologique

 

Toutes les religions s'accordent : il n'y a point de salut pour les assassins. Dans la Torah, au livre de l’Exode (20, 1-17), Dieu s’adresse à Moïse : « Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom. » (v. 7). Et d’ajouter : « Tu ne commettras pas de meurtre. » (v.13). Dans l’Évangile selon Jean (14, 24 ; 15, 12-13…17), quelques heures avant d’être arrêté puis condamné à mort, Jésus disait à ses amis : « Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. ». L'abbé Pierre avait eu cette formule forte : « c'est gifler Dieu que de dire que l'on va tuer en son nom ».

Le Conseil théologique musulman de France a rappelé le 30 octobre que « plusieurs versets coraniques (par exemple Chapitre 5, verset 32) vont dans le même sens, appuyés par de nombreuses paroles prophétiques, et confirmés par l’unanimité des savants musulmans, qui font de l’homicide un péché majeur ». Le CTMF déclare que « toute action terroriste perpétrée contre un ou plusieurs êtres humains est strictement interdite en Islam en vertu du caractère sacré de la vie humaine à laquelle personne n’a le droit de porter atteinte ».

 

Alors qu’elle venait d’être mortellement blessée en la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice, Simone Barreto Silva, 44 ans, mère de trois enfants, prononçait ces dernières paroles : « dites à mes enfants que je les aime ». Son assassin avait 21 ans. Ce bouleversant adieu témoigne une nouvelle fois de la puissance de l'amour sur les forces de la destruction et de la mort.

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Arras, ville européenne meurtrie par la guerre

Devoir de mémoire, novembre 2019

La ville d'Arras paya un très lourd tribu à la Première Guerre mondiale. Détruite aux deux-tiers, elle vit son riche patrimoine d'ancienne cité prospère du Nord de la France en partie réduit à néant. Arras fut un haut lieu de la vaillance militaire et de la reconquête de nos libertés.

 

En secret, les Britanniques transformèrent les carrières de craie sous la ville en quartier général des 24 000 soldats nécessaires au bon déroulement de la bataille d'Arras du 9 avril 1917. Le site de la Carrière Wellington rappelle aujourd'hui cette série de faits qui font d'Arras l'un des deux théâtres majeurs de l'Offensive Nivelle.

 

Après la guerre, une partie de la ville a été reconstruite à l'identique. Arras permet de mesurer l'ampleur des dégâts et de vérifier l'assertion selon laquelle les guerres mondiales furent un véritable suicide européen. Aujourd'hui, tout visiteur peut y affiner sa conscience. Et la ville est un lieu où tous les enfants de France devraient un jour passer pour apprendre et exercer son devoir de mémoire.


la politique de Défense française et européenne

Séminaire à l'Institut des Hautes études de Défense nationale (IHEDN), septembre 2019

En septembre 2019, je pris part à un séminaire de l'Institut des Hautes études de Défense nationale dédié aux parlementaires et collaborateurs parlementaires. Cette session m'a permis d'interagir avec de hauts responsables de la politique de Défense et d'actualiser mes connaissances en matière d'enjeux stratégiques.

 

Des conférences, débats et visites de terrain firent de ce séminaire un expérience collaborative de réflexion mutuelle extrêmement productive.


L'Europe et la Francophonie : deux aires stratégiques

Intervention aux Jeudis de la réussite, le 22 février 2018 à Aix-en-Provence

Le 22 février 2018, je fus invité à témoigner à la quatrième édition des Jeudis de la Réussite de Sciences Po Aix consacrée aux « métiers de la défense et la sécurité internationale », aux côté notamment de Laurent Borzillo, docteur en sciences politiques, mon ancien condisciple aujourd'hui dirigeant de la société Dialogue de Sécurité Franco-Allemand.


L’Union européenne réaffirme sa diplomatie d’ouverture

Article de Benjamin Boutin, La Croix, 3 janvier 2018

La cheffe de la diplomatie européenne Frederica Mogherini, en visite à Cuba, promeut une politique internationale antinomique de celle du président américain, Donald Trump.


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La Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Frederica Mogherini, est à La Havane mercredi 3 et jeudi 4 janvier, afin de rassurer ses interlocuteurs cubains sur le maintien de l’attitude d’ouverture européenne. Il est prévu qu’elle rencontre le président du Parlement, ainsi que les ministres du Commerce extérieur et des Affaires étrangères.

 

Cette « relation forte entre l’UE et Cuba », réaffirmée par la cheffe du Service européen pour l’action extérieure, s’appuie sur une position commune des États membres de l’UE. « Nous développerons l’accord de dialogue politique et de coopération avec Cuba, et nous investirons dans des relations socio-économiques plus approfondies avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes », indique en effet la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne.

 

Le rapprochement entre Cuba et l’Europe – qui est l’un de ses principaux partenaires commerciaux – a été scellé par l’accord de dialogue politique et de coopération, conclu en décembre 2016 et entré provisoirement en vigueur le 1er novembre 2017 (en attendant sa ratification par l’ensemble des États membres de l’UE). Cuba était jusqu’alors le seul pays d’Amérique latine et des Caraïbes avec lequel l’UE n’avait pas conclu de traité bilatéral.

 

Bruxelles se démarque de Washington

 

La poursuite de ce rapprochement euro-cubain va à contre-courant du récent « durcissement » américain envers Cuba, qui représente une volte-face au processus d’ouverture. Ce processus partait du principe que l’intensification des échanges avec l’île, notamment des échanges commerciaux, entraînerait davantage de changements positifs que la coercition et la force.

Le basculement de politique américaine envers Cuba, qui avait été impulsé par le président américain Barack Obama en 2014, procédait ainsi d’une démarche plus libérale et pragmatique. À l’évidence, le président américain Donald Trump ne partage pas ces vues. Sur ce dossier comme sur d’autres, il est prompt à vouloir se démarquer de son prédécesseur.

 

L’Union européenne poursuit donc le processus de normalisation de ses relations avec Cuba, malgré le recul américain. Le déplacement de Frederica Mogherini témoigne d’une certaine manifestation de volonté politique européenne. « L’UE souhaite calmer les choses, réduire les zones de tension. Elle se pose en pacificatrice des relations internationales, à l’opposé de la logique d’affrontement de Donald Trump », explique Philippe Moreau Défarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Les États-Unis ont tendance à « considérer Cuba comme son arrière-cour », rappelle-t-il. Le pays abrite une forte communauté cubaine, dont certains éléments désapprouvent radicalement la démarche d’ouverture envers Cuba. L’un de ces groupes anti-castriste, basé à Miami, le Forum des droits et libertés (ForoDyL), a d’ailleurs dénoncé la visite de la Haute représentante européenne qui n’adopte pas cette ligne dure.

 

Changement d’exécutif à Cuba en avril

 

Pendant des années, « les États-Unis ne supportaient pas ce régime crypto-communiste qui lui résistait », rappelle Philippe Moreau Defarges. D’autres considèrent, comme le géopolitologue Dominique Moïsi, qu’avec l’ouverture internationale, « le régime de Raoul Castro veut simplement gagner du temps, retrouver un peu d’oxygène économique pour éviter une explosion sociale. À court terme, le régime cubain peut sembler gagnant. En réalité, le temps ne joue pas pour lui ».

 

En effet, après dix années au pouvoir, Raul Castro cédera son siège de président le 19 avril. Son frère, Fidel Castro, le « père de la révolutioncubaine » avait dirigé l’île de 1959 à 2006. La mort du « Líder máximo » le 25 novembre 2016 et le départ prochain de son frère de la présidence de la République socialiste semblent tourner la page d’un régime castriste qui a suscité une aussi forte dose d’adhésion que d’aversion.

 

« Le changement de génération prévu au gouvernement dans les prochains mois » ne devrait guère changer fondamentalement le processus d’ouverture, estime Eduardo Perera, professeur à l’Université de La Havane. C’est en tout cas le pari que fait l’Union européenne. Après 23 mois de négociations pour aboutir à un « accord historique », à un « cadre juridique nouveau » prévoyant « un dialogue politique renforcé, une coopération bilatérale améliorée et le développement d’une action commune dans les enceintes multilatérales », on comprend que Bruxelles ne veuille pas faire machine arrière.

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L'intérêt de la prospective pour la prévention des conflits

Publication de l'ouvrage collectif Les lois de la guerre, 2016

J'ai contribué à l'ouvrage Les lois de la guerre par l'écriture du chapitre sur l'intérêt de la prospective pour la prévention des conflits.

 

Chercher à prévenir les conflits avant leur survenue serait, pour d’aucuns, une entreprise perdue d’avance.

 

A rebours du fatalisme, cette communication sur le thème de la prospective et de la médiation part du postulat praxéologique qu’anticiper les conflits est possible et que les prévenir l’est également.

 

L’objectif est d’infertiliser un conflit en germe, grâce à l’anticipation stratégique et à la médiation de terrain.

 

Retrouvez également les chapitres de Frédéric Ramel (Penser la guerre dans le nouveau siècle politique), de Vincent Desporte (De la guerre rêvée à la guerre réelle) ou encore de Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer (Droit international humanitaire).


plongée dans l'enfance du grand Charles

Visite de la maison natale de Charles de Gaulle à Lille, août 2015

Charles de Gaulle était non seulement un chef de guerre mais aussi un homme d’État et un intellectuel.

 

Entrer dans la maison natale de Charles de Gaulle permet de comprendre l'environnement familial, le contexte social et intellectuel dans lequel il grandit. J'ai été particulièrement intéressé par les livres qui y demeurent et de découvrir l'influence que la doctrine sociale de l'église avait pu avoir sur ses jeunes années. Cela explique beaucoup de choses de sa personnalité et de sa conception des rapports sociaux. 


Agir pour une Europe de la défense

Article de Nathalie Simon-Clerc, L'Outarde Libérée, Montréal, mai 2015

Le parti centriste pro-européen, UDI Montréal organisait sa dernière conférence-débat de la saison, mercredi soir au restaurant français Plein Sud, sur l’avenue Mont-Royal. Le géopoliticien et spécialiste des affaires européennes et méditerranéennes, Benjamin Boutin, s’est exprimé sur le thème : « L’Europe de la défense ». L’occasion de revenir sur les enjeux sécuritaires qui concernent la France et ses voisins. Pour ce rendez-vous citoyen, les participants étaient appelés à s’exprimer sur le rôle de la France dans la construction d’une Europe de la défense, à l’heure où des actions conjointes entre les pays européens sont menées contre les passeurs en Méditerranée.


À l’heure où des enjeux de sécurité majeurs surgissent dans le voisinage méridional, oriental et arctique de l’Europe, en particulier avec le conflit ukrainien et la menace de l’État islamique aux portes de la Turquie, la construction d’une véritable Défense européenne est plus que jamais nécessaire. Où en est le projet d'Europe de la Défense ? Comment la France doit elle se positionner sur cette question ? L’UDI Montréal a le plaisir de vous inviter à une conférence présentée par Benjamin Boutin, expert en géopolitique, membre des clubs UDI Défense et UDI Montréal au restaurant Plein Sud, 222 Avenue du Mont Royal E, Montréal, QC H2T, Canada à 18:30. Cette conférence sera suivie d’une période d’échanges.

 

Un engagement nécessaire pour la sécurité et la défense

 

« Les États-Unis se désengagent partiellement aujourd’hui, ils ne seront pas toujours derrière nous », souligne d’emblée Benjamin Boutin. Pour son exposé, le jeune expert a souhaité susciter une réflexion sur les solutions que peut apporter la France en matière de défense européenne. Il a ainsi rappelé les différents traités qui ont jalonné la construction de l’Europe de la défense. Depuis la communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) à la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) du Traité de Lisbonne, ce fut l’occasion de revoir son histoire.

 

Selon M. Boutin, l’Europe doit viser plus haut en matière de sécurité et de défense. Dans un monde soumis à des conflits extérieurs mais aussi des menaces intérieures, les dirigeants européens doivent agir de concert pour répondre à des questions de sécurité communes. En somme, être plus efficaces ensemble qu’individuellement. « Toutes les forces militaires ne sont pas les mêmes mais il faudrait créer une culture opérationnelle commune et un plan d’action global », explique-t-il.

 

Défense de l’Europe par elle-même

"Plusieurs clauses, comme celle de solidarité, ont été laissées en jachère faute de volonté politique"

 

M. Boutin a aussi spécifié les nombreux défis pour une Europe de demain, forte et unie. « Tout d’abord, réaliser Lisbonne, pointe-t-il. Plusieurs clauses, comme celle de solidarité, ont été laissées en jachère faute de volonté politique. » Il déplore ainsi que la construction d’une Europe militaire ne soit pas encore dans tous les esprits. Actuellement, l’Europe se limite à la gestion internationale de crise, « mais elle est efficace tout de même », nuance M. Boutin. Malgré tout, selon le jeune homme, les défis sécuritaires à venir doivent mener à des décisions fortes.

 

Le géopoliticien note toutefois les progrès de la PSDC au cours des quinze dernières années, avec une trentaine de missions civiles et d’opérations militaires conduites par des pays européens. Un « plus » en termes de capacité d’intervention du vieux continent, selon l’expert, qui rappelle également que l’Union européenne a su développer la gestion des crises et apaiser des conflits à l’échelle internationale. « La France et la Grande Bretagne sont les pays qui investissent le plus, rappelle Monsieur Boutin. Avec 2,2% du PIB alloué à la défense, ce sont les deux plus gros contribuables. »

 

Fonder un socle commun

"Grâce à la France, on connaît les théâtres d’opération et son expertise est un atout pour l’Europe"

 

Coopération et solidarité sont les maîtres mots d’une telle entreprise, à l’échelle européenne. Pour Benjamin Boutin, que ce soit au niveau de l’industrie ou des technologies de pointe, la qualification de l’emploi en Europe a tout à gagner à être maintenu à son meilleur niveau. Les objectifs sont doubles : éviter la concurrence internationale et maintenir une base de défense performante.

 

Pour ça, mutualiser les ressources des pays et proposer un budget commun constituerait un plus. « Les dépenses administratives actuelles sont complexes, souligne Monsieur Boutin. Le député Jean Arthuis a récemment agité le chiffon rouge et parlé de la nécessité des synergies budgétaires indispensables pour la défense. » Aussi, en fusionnant les filières nationales concurrentes, l’Europe pourra agir par elle-même, sans agir en interdépendance avec d’autres puissances militaires, croit le géopoliticien.

 

Autre idée : « Créer un livre blanc européen de la défense. Cela permettrait de matérialiser l’idée d’une Europe de la défense et de réactualiser des décisions obsolètes, datant de 2003, expose l’expert. Les États pourraient accepter l’interdépendance entre eux et favoriser des actions communes. » Mais au fait, quid de l’OTAN ? Ce sont deux choses bien différentes, affirme le géopoliticien. « L’OTAN restera une alliance militaire forte si les défenses américaine, canadienne et européenne sont aussi fortes et unies »,  affirme-t-il. « L’Europe avance de crise en crise, à petits pas, mais il y a des acquis communautaires, les européens apprennent, assure Benjamin Boutin. Même si je ne peux pas donner de « deadline », ça viendra. » Et, selon lui, si la France décide de pousser cette politique européenne de défense, ses actions militaires constituent aussi un réel atout pour le reste des pays européens. « Grâce à la France, on connaît les théâtres d’opération et son expertise qui est un atout pour l’Europe. » conclut-il.

 

En attendant, Benjamin Boutin juge que c’est au tour des citoyens de faire pression auprès de leurs représentants. Dans la salle, un couple de français s’interroge sur l’absence des médias sur ces questions pro-européennes, en Europe…

Idées contre idées : le nouveau combat des lumières contre l’obscurantisme

Tribune de Benjamin Boutin dans le blog citoyen Haut et Fort, 7 janvier 2015

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Face à des idéologies meurtrières qui convertissent de jeunes gens à la religion de la barbarie, la réponse d’une démocratie mature se situe-t-elle uniquement dans le registre sécuritaire ? Lutter contre le terrorisme implique de reprendre la plume - sans jamais baisser le crayon – pour s’attaquer aux assises idéologiques du fanatisme.


 

L’ancien ministre Robert Badinter s’est exprimé jeudi dernier dans les colonnes du journal Libération pour mettre en garde le peuple français : « Ce n’est pas par des lois et des juridictions d’exception qu’on défend la liberté contre ses ennemis. Ce serait là un piège que l’histoire a déjà tendu aux démocraties. Celles qui y ont cédé n’ont rien gagné en efficacité répressive, mais beaucoup perdu en termes de liberté et parfois d’honneur ».

 

Alors qu’en France la tentation se fait grande de répondre aux actes terroristes par de nouvelles lois et une surenchère de dispositifs sécuritaires (certains députés allant même jusqu’à réclamer un Patriot Act à la française), d’autres voix se font entendre qui élargissent la conscience du problème en s’attaquant à ses causes. Et puisque la conscience est quelquefois une affaire de famille, c’est la philosophe Élisabeth Badinter qui a déclaré dans les colonnes du Journal du Dimanche que « La liberté d’expression ne connaît aucune limite lorsqu’il s’agit des idées. On n’a pas le droit de s’en prendre à des individus en chair et en os, mais on doit se battre idées contre idées ». D’aucuns objecteront que l’on ne peut « se battre idées contre idées », autrement dit « débattre », avec des fanatiques qui ne méritent que l’opprobre et le châtiment. Certes. Mais l’auteure des Passions intellectuelles marque en vérité un point capital : la lutte contre le terrorisme ne peut se contenter d’être répressive, policière ; elle doit également investir le champ idéologique.

 

Les héritiers de Voltaire vont-ils reprendre, au XXIe siècle, le combat des Lumières – celles de l’intelligence – contre l’obscurantisme de l’ignorance et de la peur ? Qui d’autres qu’eux pourfendront la terreur et la bêtise, défendront la liberté, démonteront les doctrines pseudo-religieuses radicales qui enferment leurs adeptes dans un monde virtuel de représentations schizophrènes, de phantasmes, de prescriptions et de superstitions d’un autre âge ? Doctrines qui, on le sait, prospèrent sur le terreau de l’ignorance et du malaise identitaire. Comme l’a écrit Montesquieu, « les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement si elles ne sont bien cultivées ». Alors que la France de l’après-Charlie se doit de donner un nouvel avenir à ses jeunes, le rôle des intellectuels n’est pas négligeable. Eux aussi ont le devoir d’éviter qu’une partie de la jeunesse s’identifie aux Merah, aux Kouachi, aux Coulibaly et glisse peu à peu sur la pente du fondamentalisme, jusqu’à commettre l’irréparable.

 

En France, il est urgent que les lumières sortent de l’ombre. Les intellectuels de toutes confessions doivent descendre de leur tour d’ivoire, de leurs studios de radio et de leurs plateaux de télévision, aller dans les écoles, se rendre dans les prisons, les quartiers, y donner des conférences, démontrer la nullité des doctrines qui prétendent détenir la vérité absolue, débattre avec ces jeunes désorientés pour leur donner la chance de s’épanouir hors de la haine. C’est en renouant avec cet esprit des Lumières, cet esprit qui a fait la France, que la politique anti-terroriste trouvera son chaînon manquant : le combat « idées contre idées ».

 

Toutefois, si la plupart des intellectuels, à l’instar du couple Badinter, sont des éveilleurs de conscience, des esprits tourmentés peuvent aussi davantage nous égarer que nous éclairer. Comment comprendre à cet égard les propos tenus récemment sur le plateau de TV5 Monde par le philosophe Michel Onfray, mélangeant sans cesse le vrai et le faux, évoquant une « politique militaire islamophobe européenne », faisant l’amalgame entre Islam et islamisme ? En laissant entendre que l’Occident était en guerre contre une religion particulière et non contre certains groupes terroristes commettant en Afrique et au Moyen-Orient des exactions si atroces qu’elles inspirent la nausée de la communauté internationale, Michel Onfray convoque la thèse du Choc des civilisations, ce qui, par les temps qui courent, manque singulièrement de lumière…

»

Histoire du renseignement européen

Publication de l'ouvrage collectif Les Secrets du droit, 2014

J'ai contribué à l'ouvrage collectif Les Secrets du droit paru en 2014 par l'écriture du chapitre sur le Secret du Roi, l'un des premiers services de renseignement modernes, à l'époque de Louis XV.

 

A travers cet exemple sont abordées des notions anciennes de confidentialité diplomatico-militaire.

 

L'ouvrage est publié dans la collection des Presses Universitaires de Sceaux.  


La Défense de l'Europe par elle-même

Tribune parue dans la Revue Défense nationale, décembre 2014

Au sein de la Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne, à Bruxelles, j'ai travaillé auprès du représentant militaire de la France auprès des comités militaires de l'UE et de l'OTAN en 2009 - 2010, au moment de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne.

 

Cette expérience au cœur de la politique de sécurité et de Défense commune me permit d'acquérir une vision de ce que devrait être la Défense européenne.

 

A la veille du conseil européen de décembre 2014 consacré aux questions de Défense, la Revue Défense Nationale publia ma tribune intitulée "La Défense de l'Europe par elle-même". Elle fut également mise en ligne, dans une forme légèrement différente, par l'Institut européen des relations internationales. 


DÉFINIR UN CAP AMBITIEUX POUR LA DÉFENSE NATIONALE ET EUROPÉENNE

Plaidoyer du Club UDI Défense, Assemblée nationale, Paris, février 2014

En 2014, alors que l’Europe baisse la garde sur le plan budgétaire et capacitaire et qu'elle peine à faire entendre une voix unie sur la scène internationale, nombreux sont ceux qui s’arment ou se réarment. L'évolution du contexte géostratégique, l'émergence de nouveaux pôles de puissance économique, démographique, monétaire, militaire, la multiplication des conflits asymétriques, la diversification des menaces - terroriste, conventionnelles ou non conventionnelles, prolifération, cybercriminalité - nous invite à adapter en permanence nos concepts stratégiques. A ce titre, nous avons suivi avec attention les travaux ayant abouti à la rédaction d’un nouveau Livre Blanc de la défense et de la sécurité nationale et participons activement à sa mise en œuvre dans le cadre de la nouvelle « Loi de programmation militaire 2014 – 2019 » (LPM).

 

Malgré l’accumulation des réformes, depuis l’abandon de la conscription jusqu’à la recomposition de la carte des implantations militaires, malgré les défis suscités par l’évolution stratégique, par la sophistication croissante de l'armement, par la croissance des coûts du maintien en condition opérationnelle, et en dépit de contraintes financières toujours plus pressantes et d’une baisse sensible des effectifs, jamais les militaires n’ont failli à leur devoir et ils ont toujours assuré la

réussite de leur mission. Avoir mené ces profondes transformations tout en maintenant une capacité adaptée, avoir permis au pays de jouir des « dividendes de la paix » en divisant par trois la part de la défense dans le PIB en quelques décennies, ce n’était pas à la portée de n’importe quelle institution. C’est un remarquable exploit qui a été réalisé. Mais peut-on,

doit-on pour autant continuer dans cette voie ? Est-il légitime dans cette période de grandes tensions budgétaires de demander aux armées plus d’efforts qu’aux administrations civiles ? Notre réponse est catégorique, c’est non. [...]

 

« PROMOUVOIR L'EUROPE DE LA DÉFENSE »

 

Ces constats conduisent à une conclusion simple : la défense de l'intérêt national passera à l'avenir également par la mise en place d'une défense européenne crédible ! Dès lors, nous souhaitons qu'émergent de nouvelles coopérations dans ce domaine car le projet européen, cher à notre cœur, n’a de justification et de légitimité que dans une volonté d’assurer sa défense de manière forte et autonome. Sur ce point, nous tenons à tenir là encore un discours de vérité. Il est difficile de nier

les difficultés que rencontre l'Union européenne à défendre une vision commune sur le plan diplomatique et militaire, comme le met en lumière l'incapacité à se mobiliser sur le dossier sahélien, ou comme ce fut le cas lors du conflit libyen, et ce en dépit des avancées institutionnelles introduites par le traité de Lisbonne. En effet, il est parfois difficile de partager une vision commune de nos intérêts géostratégiques et les impératifs sécuritaires ne revêtent pas la même importance

pour tous nos partenaires. La disparité des budgets militaires constatée au sein de l'Union en est la meilleure preuve. Si cette situation s'explique, en partie, parce que nombre de nos partenaires considèrent que la sécurité du continent reste exclusivement du ressort de l'OTAN, il serait illusoire de croire que Washington se satisfera indéfiniment de partenaires qui investissent peu pour leur propre sécurité et pour celle de l'Alliance.

 

Il nous apparaît donc indispensable de travailler activement au renforcement de notre coopération en matière de défense, notamment en dotant l'Europe de moyens financiers à travers un budget dédié à la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC), et en utilisant au mieux les nouveaux outils institutionnels communautaires. L'objectif affiché de notre démarche est de faire émerger une voix européenne forte et crédible sur la scène internationale qui devrait être accompagnée d'actions à forte vocation symbolique comme la création d'un quartier général militaire permanent et la mise en place d'un véritable pôle de défense européen. Par un effet d'entraînement, une telle démarche consoliderait également notre base industrielle de défense, tant européenne que nationale, à travers un soutien amélioré à l'industrie. Des impulsions fortes pourront ainsi être données à des domaines aussi stratégiques que les moyens capacitaires, condition indispensable pour toute action militaire d'envergure. La crédibilité militaire de l'UE, préalable essentiel au renforcement du pilier européen de l'Alliance, sera ainsi considérablement renforcée ! [...]

La Fondation Charles de Gaulle

Visite du bureau de général de Gaulle, rue de Solférino à Paris, 21 avril 2013

A l'invitation de Jacques Godfrain, ancien ministre français de la Coopération et président de la Fondation Charles de Gaulle, j'eus le privilège de visiter le bureau de l'homme du 18 juin, rue Solférino à Paris, le 21 avril 2013. Charles de Gaulle l'avait occupé de 1947 à 1958. 

 

Le bureau est resté dans son état d'antan, avec ses grandes cartes et, sur le mur de gauche, la pendule électrique dont les aiguilles ont été arrêtées à l'heure du malaise qui devait entraîner la mort du Général une demi-heure plus tard, le 9 novembre 1970, en sa demeure de Colombey-les-deux-Eglises. Un lieu émouvant, empreint d'histoire et de la mémoire du grand homme.


Diplomatie et renseignement en Europe : l'exemple du Secret du Roi

Colloque sur les secrets du droit, Université Paris-Sud, Sceaux, avril 2013

L'Université Paris Sud, campus de Sceaux, a organisé du 5 au 9 avril 2013 son festival Ciné-Droit sur le thème du secret et a m'a demandé de livrer une communication sur le Secret du roi, dans le cadre du colloque Les Secrets du droit .

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Qu'était-ce que le Secret du roi ? 

 

Un service de renseignement et un canal diplomatique parallèle utilisé par Louis XV pour influer sur la politique européenne, notamment dans le cadre de la succession du trône de Pologne, d'un rapprochement avec la Russie et d'une tentative d'invasion de la Grande Bretagne. Cet organe se révélera d'une efficacité toute relative mais son existence même dément la thèse de l'absolutisme royal, y compris dans le domaine réservé que constitue la politique étrangère.


Le nouveau contexte Géostratégique

Note d'analyse de Benjamin Boutin, Centre de doctrine d'emploi des forces, Paris, 2012

«

Le 13 juillet 2011, Le Monde titrait en première page : « La France n’a plus les moyens militaires de ses ambitions politiques ». Tandis que 27.000 soldats étaient engagés dans le monde sous nos trois couleurs, le surcoût des opérations extérieures dépassait le milliard d’euros pour le budget français. Parallèlement, la crise de la zone euro, deuxième grand titre de l’actualité, semait la panique sur les marchés financiers. Les pays membres de l’Union monétaire s’affrontaient à Bruxelles sur les modalités d’un second plan d’aide à la Grèce. A l’autre extrémité du globe, sur fond de tensions en mer de Chine, le gouvernement de Taïwan s’inquiétait de l’entrée en service imminente du premier porte-avions chinois, un bâtiment de la marine soviétique racheté en 1998 à l’Ukraine. Le monde avait changé.

 

Le ‘‘retour chez soi’’ des États-Unis d’Amérique

 

Trois semaines plus tôt, le président de la première puissance économique et militaire mondiale s’était adressé solennellement à la nation, depuis la Maison Blanche. Barack Obama confirmait le retrait des troupes américaines d’Afghanistan[2], qui allait s’opérer graduellement à partir de l’été 2011 et serait effectif en 2014, année de l’achèvement de la transition sécuritaire.

 

Ce discours marquait en vérité un tournant dans la stratégie militaire américaine. Les Etats-Unis, historiquement tiraillés entre un interventionnisme messianique et un isolationnisme narcissique, choisissaient, en ce 22 juin 2011, une voie médiane empreinte de responsabilité et de réalisme. Le président Obama énonçait en effet les grandes lignes d’une nouvelle doctrine pour les temps à venir : « lorsque menacés, nous devons réagir avec force - mais quand cette force peut être ciblée, nous n’avons pas besoin de déployer de grandes armées à l’étranger. Lorsque des innocents sont massacrés et que la sécurité mondiale est en péril, nous n’avons pas à choisir entre rester les bras croisés ou agir seuls de notre côté. Au lieu de cela, nous devons rallier l’action internationale, ce que nous faisons en Libye, où nous n’avons pas un seul soldat sur le terrain »[3].

 

En d’autres termes, Washington se rangeait, pragmatiquement, au multilatéralisme militaire. L’administration n’entendait plus jouer le rôle de gendarme du monde qu’on avait pu lui prêter depuis 1945[4]. Les engagements d’Irak[5] et d’Afghanistan avaient doublé ses dépenses militaires, chiffrées à 5% du PIB[6]. Soutenir un si colossal effort de guerre devenait intenable : « durant la dernière décennie, nous avons dépensé un billion de dollars pour la guerre, à un moment où la dette s’élevait et où nous traversions une conjoncture économique difficile. Maintenant, nous devons investir dans la plus grande ressource de l’Amérique : notre peuple », expliquait le président[7]. Barack Obama proclamait en somme le retour chez soi du peuple américain.

 

Après une décennie de belligérance, initiée par l’ancien président Georges W. Bush aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, le pays semblait de guerre lasse. Il avait perdu 6000 soldats sur les théâtres irakien et afghan, sans compter les dizaines de milliers de blessés et traumatisés de guerre. Dans l’Amérique profonde et patriote, comme à Colorado Springs où une famille sur trois comptait un membre en uniforme[8], la lassitude était palpable. Le sergent Ian Terry, 32 ans, vétéran d’Irak et d’Afghanistan, soldat américain comme un autre, avait perdu l’enthousiasme de ses débuts : « Je crois qu’il est temps de quitter Bagdad et Kaboul », confiait-il. Si nous n’avons rien pu accomplir de mieux en dix ans, inutile d’insister… il y a d’autres choses intéressantes à faire ». Mêmes échos de désillusion du côté d’un républicain zélé, Tom Johnston, qui estimait que « maintenant il est temps de nous occuper de nous. Ben Laden est mort ? Et alors ? D’autres viendront. On n’est pas beaucoup plus avancé. Quand nous quitterons l’Afghanistan, les talibans reprendront le pouvoir. Ce n’est pas à nous de faire de ces pays des démocraties. On est fatigué de tout ça, il faut passer à autre chose »[9].

 

La multiplication de la terreur

 

Depuis 1989 et la fin de la bipolarité, la sécurité internationale s’était très sensiblement dégradée. L’érosion des systèmes de pouvoir dans certaines parties du monde (ex-bloc soviétique, Somalie…) avait favorisé l’émergence de conflits larvés et de revendications identitaires violentes, un temps gelés dans les glaces de la Guerre Froide. L’ère de l’incertitude débutait.

 

Les attentats du 11 septembre 2001 le révélaient cruellement : la guerre n’était plus ce qu’elle était[10]. Les guerres classiques, conflits symétriques entre deux pays ou deux coalitions, guerres de conquête ou guerres de masse, semblaient appartenir au passé. De même, les terrains de combat n’étaient plus clairement circonscrits. Ouvertes et interdépendantes, les sociétés démocratiques représentaient des proies faciles. Jadis la guerre tuait des gens en armes, bataillons contre bataillons. Désormais, les populations civiles désarmées étaient des cibles à abattre. Innocentes, elles payaient le prix du sang et de la barbarie. Elles avaient des visages et des noms, ceux d’Antoine et de Vincent par exemple, ces deux jeunes français de vingt-cinq ans tués au Niger, morts parce que de nationalité française, « victimes collatérales d’une guerre nouvelle », mondialisée, « guerre de lâches », « guerre de haine », où « les combattants se cachent pour tuer », où « parfois, ils vont jusqu’à se tuer pour tuer », écrivait le journal La Croix. « C’est aussi une guerre psychologique dont le terrain privilégié réside dans nos consciences, nos esprits, nos émois. L’armée de ces ombres ne cherche pas tant à conquérir des territoires qu’à semer le doute dans nos esprits. Partout. »[11]

 

Cette sournoiserie dans la belligérance, comme le faisait remarquer Christine Kerdellant, ne permettait pas à l’Occident d’utiliser toute sa puissance. En conséquence, « nous ne gagnons plus (ou plus de manière de manière éclatante) les guerres d’aujourd’hui », constatait-elle[12]. Cette nouvelle donne imposait de repenser la guerre, car « si nous ne sommes véritablement pas en guerre au sens clausewitzien du terme, nous le sommes dans le sens où Sun Tzu l’entend », faisait remarquer le chef d’état-major de l’armée française, l’amiral Guillaud : « nous sommes confrontés à une forme de guerre plus nébuleuse donc plus insidieuse ; elle porte différents noms : guerres irrégulières ou asymétriques, guerres bâtardes ou hybrides […] Ce sont des guerres dont les buts ou les enjeux ne sont pas forcément lisibles » [13].

 

Dans cette nouvelle problématique, l’ennemi était insaisissable, la menace permanente et diffuse. Le terrorisme constituait l’un des facteurs de cette multiplication de la terreur. Il participait d’un climat d’insécurité générale caractérisé par de nombreux et insaisissables périls transnationaux (terrorisme, attaques cybernétiques, prolifération des armes de destruction massive, trafics, etc.). L’annihilation nucléaire, épouvante de la Guerre Froide, ne paraissait plus qu’une épée de Damoclès parmi d’autres. Enfin, la dégradation de la biosphère qui se vérifiait[14] était susceptible de provoquer de nouveaux conflits pour l’appropriation des ressources et entraîner des mouvements migratoires fortement déstabilisateurs.

 

L’ensemble de ces menaces, du reste mal hiérarchisées dans l’échelle de la terreur, pouvait induire de la coopération entre les nations ou au contraire aviver les tensions entre elles. Leur traitement politique se heurtait à une aporie liée au système inhérent des Etats-nations, dont les frontières physiques marquaient la limite juridictionnelle.

 

Le XXe siècle avait fait progresser le droit international avec l’instauration de la Société des Nations puis de l’Organisation des Nations unies, dont la Charte stipulait, en son chapitre VII, qu’en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression, le Conseil de sécurité pouvait engager toute action qu'il jugeait nécessaire, incluant l’usage de la force armée. Cette action pouvait comprendre, d’après l’article 42 de la Charte, « des démonstrations, des mesures de blocus et d'autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations Unies »[15]. Par ailleurs, un nouveau concept était apparu dans les années 1980, celui du droit d’ingérence qui prétendait passer outre la souveraineté d’un Etat en cas de massacres ou de drames humanitaires, au nom de la protection des droits de la personne. Ce concept faisait encore débat.

 

Le basculement du monde et le déclin relatif de l’Europe

 

En quelques décennies, le monde - nous le disions - avait changé. Il s’était rapidement reconfiguré sur un mode polycentrique[16]. L’éveil (ou le réveil) de l’Asie avait déplacé les centres de production et de décision de l’Atlantique vers le Pacifique[17], tandis qu’un certain nombre de puissances régionales avait émergé (Chine, Inde, Brésil, Mexique…), qui revendiquaient un intéressement aux affaires du monde.

 

La croissance de ces puissances émergées avait était spectaculaire. En deux décennies, leur part dans la production industrielle mondiale était passée du tiers à la moitié. L’industrie chinoise était en passe de devancer l’industrie américaine dès 2020. Le basculement géoéconomique du monde annonçait un retour de bascule sur la balance of power militaire. L’histoire n’enseignait-elle pas que l’équilibre militaire du monde finissait immanquablement par rejoindre son équilibre économique ? C’était en tout cas la thèse de l’historien britannique Paul Kennedy, formulée dès la fin des années 1980 dans Naissance et déclin des grandes puissances[18] : « La puissance relative des grandes nations à l’échelle internationale ne reste jamais constante : elle varie surtout avec les taux de croissance de chaque société et dépend de l’avantage relatif que confèrent les avancées technologiques et structurelles »[19]. Or, les pays occidentaux déploraient un endettement massif qui leur imposait de « tailler dans les dépenses militaires, souvent improductives »[20].

 

Cet endettement touchait en premier chef les Etats-Unis et l’Europe. Sur le Vieux continent, les répercussions de la crise des subprimes puis de la crise des dettes souveraines mettaient à rude épreuve la cohésion des « Vingt-Sept ». L’Union européenne, minée par les désaccords internes et les crises à répétition, apparaissait comme « le maillon faible de la reprise mondiale », « avec des taux de croissance chroniquement faibles, un déclin démographique quasi général, une dépendance énergétique lancinante, une zone euro fragilisée »[21].

 

L’écart de développement avec les pays émergés se rétractait. Si ces tendances se prolongeaient, en quinze ans l’Europe ne pèserait plus que 20% de la richesse mondiale, alors que le continent asiatique en représenterait plus de 35%. Le modèle économique et social européen était ébranlé par le chômage de masse. D’Athènes à Madrid, des manifestants indignés battaient les rues. Une poussée de fièvre populiste, xénophobe et nationaliste[22] donnait des sueurs froides au berceau chancelant de la démocratie. L’Europe des vieilles nations industrielles traversait une crise économique gravissime et, au-delà, une phase de doute existentiel. Les peuples européens avaient le sentiment d’être les grands perdants de la mondialisation.

 

Affaiblie socio-économiquement, l’Europe sanctionnait à l’évidence une perte d’influence sur l’échiquier international. D’aucuns pouvaient craindre qu’elle sortît de l’histoire. L’ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes et ex-parlementaire européen Pierre Bernard-Reymond relevait qu’« avec le Traité [de Lisbonne], il s’agissait notamment de donner une voix et un visage à l’Europe : un président charismatique représentant d’un pouvoir fort et efficace capable de parler d’égal à égal avec les plus grands chefs d’Etat de la planète. […] Censée se rapprocher du modèle de pouvoir des grandes nations, l’Europe a finalement choisi celui de la confédération helvétique. […] L’Europe, conçue à l’origine comme une puissance mondiale en devenir au service d’un idéal de paix, de liberté et de démocratie, est devenue un jeu de pouvoirs à somme nulle, une mécanique routinière qui fonctionne de crises en compromis mais qui est de plus en plus incapable de transcender les intérêts nationaux »[23].

 

Ainsi, la question prêtée à l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger : « L’Europe, quel numéro de téléphone ? », ne trouvait toujours pas de réponse. Marginalisée par rapport aux géants économiques, Chine en tête, confrontée à une reconfiguration rapide du monde dont elle échouait à exploiter les opportunités, l’Europe perdait de son standing. Pouvait-on parler de déclin ? Les crises que nous vivions symbolisaient-elles les ultimes convulsions d’une puissance qui se mourait ? Pour Lucian Boia, spécialiste des mythes et professeur à l’Université de Bucarest, « l’idée de déclin est un stéréotype de la pensée occidentale. Il touche particulièrement le monde européen, et encore plus particulièrement la France ». Certes il y avait un « déclin relatif », « dû à l’émergence de nouvelles puissances », mais des « progrès très nets en termes absolus […] sur les plans économique, social, ou technologique » avaient été accomplis. Le premier ministre d’une Nation européenne dont l’histoire avait été effectivement scandée par le leitmotiv du déclin, déclarait: « Aujourd’hui comme à d’autres périodes de basculement, nous devons puiser dans nos ressources, matérielles et morales, et exercer nos forces pour que la France ne soit pas reléguée dans les provinces périphériques d’un monde ancien »[24].

 

La baisse du potentiel militaire européen

 

Depuis 60 ans, le continent européen jouissait de la paix, grâce à l’action conjuguée de la construction politique de l’Europe (comprenant la réconciliation franco-allemande) et de l’Alliance atlantique. L’OTAN, plus forte alliance militaire du monde, gardait pour tâche principale la défense immuable du territoire des pays alliés, depuis sa création en 1949. La clause de défense mutuelle (article 5 du Traité de l’Atlantique nord), pierre angulaire de l’Alliance, le garantissait. L’OTAN devait rester la garante indéfectible de la sécurité transatlantique et travailler à ce que cet espace soit le moins polémogène possible.

 

Cependant, la diminution des ressources allouées à la défense, de part et d’autre de l’Atlantique, remettait en cause le pacte sécuritaire entre Européens et Américains du Nord. Les USA attendaient désormais une Europe forte et organisée, capable de se défendre par elle-même. La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, via un discours majeur consacré à la sécurité européenne[25], avait livré l’interprétation de son administration sur la relation stratégique euro-américaine. « Nous avons besoin d’un leadership européen au XXIe siècle », affirmait-elle. Les Etats-Unis et l’Europe figuraient deux points d’ancrage capitaux de la stabilité mondiale. Mieux, ils étaient les deux champions historiques de la liberté et de la démocratie. Cette proximité exceptionnelle de valeurs, dans un contexte d’émergence de puissances aux référents idéologiques différents, faisaient prendre conscience à Washington que l’Union européenne était une « force inestimable et de plus en plus efficace pour le progrès global »[26]. Fondamentalement, l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis des alliés européens avait changé. L’amiral Guillaud estimait que la question libyenne était symptomatique de cette évolution : « leur volonté de ne pas se placer au premier plan est une première, soutenait-il. Elle montre l’intention américaine de laisser les Européens prendre leurs responsabilités dans leur zone d’influence régionale en s’appuyant à la fois sur le couple franco-britannique et sur une structure otanienne qui a déjà fait ses preuves »[27].

 

Ainsi, les États-Unis, dans une posture de désengagement partiel (le « come back home » - « retour chez soi » que nous avons décrit plus haut), désireux de moins s’impliquer ou de s’impliquer autrement, ne s’opposaient plus à l’édification d’une défense européenne commune, mais au contraire l’encourageaient. L’Europe de la défense, dont la construction avait parfois été accueillie fraîchement outre-Atlantique, ne représentait plus un problème… mais une partie de la solution. Chacun avait compris que l’Ue et l’OTAN formaient deux acteurs incontournables et complémentaires de la gestion de crises et de la sécurité internationale. L’OTAN, par la voix de son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, reconnaissait maintenant les bienfaits d’une défense européenne forte, qui avait du sens « tant politiquement que militairement »[28].

 

Mais où en était l’Europe de la défense ? Elle avait acquis une expertise reconnue en matière de gestion civilo-militaire de crises, sur les différents théâtres où elle avait été impliquée : Balkans, Afrique, Moyen-Orient, Océan Indien. La doctrine sécuritaire européenne, élaborée par le Haut représentant pour la PESC Javier Solana et adoptée par le Conseil européen du 12 décembre 2003[29] exposait les valeurs et les objectifs de l’Union, à savoir :

 

« - faire face aux menaces en menant une politique de prévention des conflits reposant sur une combinaison des moyens d’action civils et militaires ;

 - construire la sécurité dans le visionnage européen en s’impliquant au Moyen-Orient, dans les Balkans et le Caucase ;

 - promouvoir un multilatéralisme efficace en défendant et en développant le droit international, dans le cadre fondamental de la Charte des Nations unies. »[30]

 

Stratégie de sécurité plus que de défense, axée sur l’intervention civilo-militaire à l’étranger, elle éludait la question d’une défense physique du territoire de l’Union, champ d’action manquant de la PSDC, Politique de sécurité et de défense commune. Dans un contexte de grande incertitude internationale, certains déploraient que l’Europe ne disposât pas de véritable défense intégrée à l’échelle européenne. Personne n’imaginait, naturellement, que la Chine ou la Russie allaient attaquer demain l’Union. Par conséquent, nul ne se préparait aux scénarii du pire.

 

Ce qui menaçait plus urgemment les capacités de la PSDC, c’était la baisse du potentiel militaire européen. En effet, d’après les experts de Jane’s Defense, les budgets de défense des principaux pays émergés (Brésil, Russie, Inde et Chine) augmenteraient de cent trente huit milliards de dollars d’ici à 2015, cependant que ceux des quatre grands pays européens diminueraient de dix-neuf milliards. Seuls le Danemark, la Norvège, le Portugal et la Pologne connaîtraient des budgets de défense croissants ces prochaines années. Ces données faisaient dire à d’aucuns que « la puissance militaire de l’Occident ne sera[it] bientôt qu’un lointain souvenir »[31]. Le rêve d’une Europe puissance, capable de peser diplomatiquement et militairement s’estompait. Les difficultés économiques et sociales de l’Union et de ses États-membres se répercutaient sévèrement sur le plan militaire.

 

Pour compenser cette constriction des moyens alloués à la défense, les deux premières puissances européennes militaires, la France et le Royaume-Uni[32], avaient signé, le 2 novembre 2010, un accord important de coopération renforcée portant sur la création d’une force expéditionnaire commune, le déploiement de porte-avions à catapulte d’ici 2020, la formation et la maintenance mutualisée du nouvel avion de transport A400M, la recherche commune sur les équipements des sous-marins nucléaires, la création de systèmes antimines, les études sur la prochaine génération de drones, etc. Cet accord franco-britannique comportait de surcroît un volet nucléaire ambitieux : « les deux puissances européennes - les seules à posséder la bombe - [allaient] créer des centres communs de recherche sur la fiabilité et la sûreté des matériaux composant leurs têtes nucléaires » [33].

 

Ce traité, fils incestueux de l’Entente cordiale, de la crise budgétaire et du désengagement relatif des Etats-Unis (dont la relation avec Londres n’était plus aussi « spéciale » qu’elle l’avait été), démontrait les efforts de rapprochement des défenses nationales en Europe pour lutter contre le déclassement stratégique. Le pragmatisme avait prévalu : « les coupes britanniques dans le budget de la défense - moins 8% en volume et 42000 emplois supprimés d’ici à 2015 -, comme la réduction des armées françaises - 54000 emplois de moins, et des économies supplémentaires de 3,6 milliards d’euros sur les trois prochaines années »[34] n’étaient pas étrangères à la conclusion de cet hymen… Qu’importe, cet accord de raison et de long terme permettait à Paris d’être moins isolé en Europe sur les questions nucléaires et esquissait une dissuasion franco-britannique comme composante potentielle d’une Europe de la défense en devenir. N’était-ce pas le couple franco-britannique qui avait donné l’impulsion historique à l’Europe de la défense lors du sommet bilatéral de Saint-Malo, en 1998 ? Seul inconvénient, et non des moindres, le Traité de Lancaster House laissait l’Allemagne, frustrée, aux franges du lit nuptial.

 

L’outil militaire français

 

La France, puissance militaire de premier ordre, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies, subissait les contrecoups de la crise géoéconomique qui secouait l’Europe. Ses forces armées avaient été reconfigurées et réduites avec la réforme cardinale de 1997, au terme de laquelle « le métier des armes [était] devenu une affaire de professionnels »[35]. La question de la guerre se posait à frais nouveaux dans la mesure où l’outil de défense français s’était muté en armée d’intervention, avec 21.000 hommes et femmes en posture opérationnelle permanente pour la seule armée de terre. Libye, Afghanistan, Côte d’Ivoire : sur tous types de théâtres, quotidiennement, nos forces étaient engagées et le payaient parfois de leur vie. Le général Irastorza, ex-chef d’Etat-major de l’armée de terre, émettait, dans l’une de ses dernières tribunes, un satisfecit sur l’utilisation de nos forces terrestres en opérations extérieures : « Notre armée de terre est, en effet, résolument tournée vers les opérations et remplit brillamment son contrat. Nos hommes s’acquittent de leurs missions à la satisfaction générale »[36]. Ceci dit, l’armée française devait faire face à plusieurs défis :

 

  1. Le vieillissement de ses matériels : « notre armée de terre devra poursuivre le renouvellement de son parc de matériels dont, malgré l’arrivée des VBCI, CAESAR, Tigre et Félin, les trois quarts son vieillissants », écrivait le général Irastorza. Le «renouvellement de la quasi-totalité » de nos « matériels majeurs » serait « difficile » , reconnaissait l’ex-CEMAT. Mais, atout majeur, les industries d’armement françaises comptaient parmi les plus performantes au monde ;

 

 2. La diminution de ses effectifs : au terme d’un processus de réforme profond, la restructuration de l’armée touchait sa phase terminale (2012 - 2014)[37]. La création de bases de défense avait bouleversé les habitudes de travail et induit des mouvements de personnel importants dans un cadre interarmées. Le contrat opérationnel avait été revu à la baisse suite aux conclusions du Livre blanc de 2008 : de 50 000 hommes possiblement mobilisables pour une opération majeure en 1996, on passait à 30 000 hommes[38]. 54.000 emplois seraient retranchés en 2015 du secteur public de la défense qui totalisait, hors gendarmerie, 322.300 postes. La réforme issue de la RGPP (révision générale des politiques publiques) devait générer des marges de manœuvre, notamment en termes de nouveaux équipements pour les armées, mais les militaires y voyaient surtout des diminutions d’effectifs opérée dans une logique purement comptable[39]. Résultat de trente ans de réformes structurelles, les armées doutaient, s’inquiétaient, selon le colonel François Chauvancy : « leur capacité à agir est de plus en plus réduite, leur légitimité à exister peut-être compromise à terme »[40]. Les forces françaises saignaient. Préserver leur cohésion et leur identité était devenu un impératif. Le général Irastorza appelait à « poursuivre nos efforts dans le domaine de la préservation des effectifs. Il en va de la survie de notre efficacité et de notre moral », assurait-il[41].

 

 3. Les coupes budgétaires : le budget de la défense était passé de 5,2 % du PIB dans les années 1960 à 3% en 1989, 1,8% en 2002 et 1,6% en 2010, selon l’annuaire statistique de la défense[42]. La loi de programmation pluriannuelle de 2008 avait accordé 377 milliards d’euros sur six ans à la défense, mais la crise avait rebattu les cartes. Compte tenu de l’état des finances publiques, une nouvelle révision à la baisse de l’effort de défense après 2012 à 1,5% du PIB était prévisible.

 

Ainsi, L’équation triplement soustractive de ressources financières comptées, d’équipements vieillissants et d’effectifs en baisse était complexe. Le Monde Géostratégie 2011 s’interrogeait : « La France devra-t-elle réduire ses ambitions stratégiques militaires ?»[43]. Les responsables militaires étaient affirmatifs : « les armées sont allées au bout des réorganisations possibles. Si l’exécutif veut de nouvelles économies, il lui faudra assumer une réduction des ambitions stratégiques du pays »[44]. De plus en plus, des voix s’élevaient pour prévenir d’un « risque de surchauffe » de l’armée française, confrontées aux restrictions budgétaires et présente sur plusieurs fronts à travers le monde[45]. Selon le général Irastorza, « la Nation toute entière salue le courage de nos soldats en opérations et éprouve une réelle fierté pour leur participation à la résolution de plusieurs crises internationales », même si, concédait-t-il, « les raisons de nos différents engagements ne sont pas suffisamment comprises de nos concitoyens »[46].

 

Le débat stratégique

 

L’année 2012 se présentait comme une année charnière pour les Armées françaises. « Il nous faudra poursuivre et finaliser les réformes engagées, remplir les missions qui nous sont confiées », énonçait le général Irastorza. Ces missions couvraient un large spectre, du combat sur les hauteurs afghanes aux patrouilles dans les gares de France (plan Vigipirate). Passer d’un conflit de haute intensité à une mission de sécurisation en zone urbaine intérieure : était-ce au même soldat de le faire ? Comment répondre aux différentes situations, aux différentes menaces qui pesaient sur notre pays et notre continent ? Avait-on la garantie que notre outil de défense saurait effectivement faire face aux menaces d’aujourd’hui et de demain ? Nos systèmes d’armes étaient-ils adaptés ?

 

La deuxième question qui se posait avec acuité concernait l’engagement opérationnel à l’extérieur de nos frontières. Aux yeux du général de corps d’armée J.-P. Margueron « la priorité absolue demeure la préparation à l’engagement opérationnel car les opérations, « intérieures » comme « extérieures », sont la raison d’être de notre armée de terre »[47].

 

Certes. Mais le bilan des décisions prises en 2008 suite à la parution du Livre Blanc restait à dresser. Ne fallait-il pas être plus sélectif dans le choix des opérations extérieures ? La redistribution de nos forces sur « l’arc de crise » allant de la Mauritanie au Pakistan, avec une réduction de l’empreinte militaire française en Afrique et l’ouverture d’une base à Abou Dhabi[48] donnait-elle des motifs de satisfaction ? Le concept même d’ « arc de crise », sur lequel le Président de la République s’était focalisé lors de la 18e conférence des ambassadeurs qui s’était tenue à l’Elysée le 25 août 2010[49], était-il vraiment pertinent ? Qu’avaient en commun le Pakistan et le Mali, d’un bout à l’autre de cet arc de crise que d’aucuns considéraient comme une vue de l’esprit ? Plus essentiellement, la France avait-elle vocation à intervenir sur cette zone géopolitiquement mal définie qui comprenait certains théâtres où elle ne possédait ni l’expérience ni l’expertise ni les moyens suffisants pour le faire ?

 

Selon Bastien Irondelle, chercheur au centre d’études et de recherches internationales (CERI) et auteur de La réforme des armées en France (Les Presses de Sciences Po, 338p.), la France voulait « boxer au-dessus de sa catégorie ». Son modèle, préservant « une panoplie nucléaire et conventionnelle complète », faisant de la projection et des interventions extérieures « la mission première des armées », « possible lors de la guerre froide avec un effort à plus de 3% du PIB en 1989, est aujourd’hui hors d’atteinte », constatait-il. Or, « Il n’y a pas de débat comme en Grande Bretagne sur le rôle de la France dans le monde, sur le décalage entre ses moyens budgétaires et humains et ses ambitions diplomatiques », indiquait-il[50]. Clairement, la viabilité du modèle politico-militaire français était en question. « La question est bien celle du hiatus entre les ambitions et les moyens alloués, précisait l’amiral Guillaud. La question n’est pas : avons-nous ce qu’il nous faut ? Elle est : dites-moi ce que vous voulez que je fasse »[51]. Quelle armée la nation souhaitait-elle au XXIe siècle et pour quel rôle ? Les Français se questionnaient : « quel est l’intérêt de ces forces armées qui, finalement, n’assurent leur protection que d’une manière lointaine, sans doute coûteuse, peu visible et pas toujours compréhensible »[52] ?

 

En somme l’heure des choix stratégiques pour la France et l’Europe avait sonné. Les problématiques militaires s’appréhendaient dans un cadre plus large, une réflexion plus aboutie, de nature géostratégique et prospective. Cette réflexion s’ouvrait pour 2012. La France avait besoin d’une nouvelle doctrine[53]. Chaque séquence historique importante avait eu sa doctrine, fussent-elles militaires, théologiques, juridiques, sociologiques, etc. Les doctrines militaires s’étaient succédées, « de l’ordre profond de la Phalange macédonienne à la stratégie de la ’’riposte graduée’’ américaine, en passant par l’arrivée du feu sur le champ de bataille, certes progressive, qui bouleversa les conditions du combat et de la guerre », écrivait le général Jouishomme[54]. Le débat doctrinal pour la France et l’Europe devrait tenir compte du nouveau contexte stratégique et des métamorphoses de la guerre, ces sournoiseries nouvelles dans la belligérance que nous évoquions. Les guerres débordaient sur le terrain de la compétition économique, dans une conjoncture extrêmement difficile pour notre pays et pour l’Europe.

 

« Sur fond de difficultés budgétaires accrues et d’élection présidentielle, une révision du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le document qui fixe les orientations stratégiques de la France, doit avoir lieu en 2012 […]Un livre vert est à l’étude, qui poserait, avant l’élection présidentielle, un premier diagnostic sur la sécurité du pays et les menaces qu’il affronte», notait Nathalie Guibert. Une étape consensuelle. Sa déclinaison concrète - quelles opérations, avec quels moyens ? - exige un débat plus âpre »[55]. Le chef d’état-major des armées souhaitait « que la défense soit non un enjeu, mais un sujet pour 2012 »[56]. La rédaction de la revue Défense nationale jugeait également « nécessaire » les « travaux d’approfondissement avant la prochaine échéance présidentielle » pour « éclairer et mobiliser l’opinion publique, les parlementaires et les responsables publics sur les perspectives de sécurité de la France »[57].

 

Les parades : que faire ?

 

Ainsi, La révision du Livre Blanc nous engageait à mener une réflexion sur la protection du territoire national et sur la nature de nos engagements à l’extérieur. Face aux menaces et aux nouveaux contours de la guerre, dans un contexte de multiplication de la terreur, il était opportun d’avancer des éléments de réflexion pour un débat stratégique fructueux. Quelles priorités nationales en matière de défense ? Quels moyens, quels faisceaux d’action, quelles tactiques pour la France et l’Union européenne ? Sur une « carte stratégique en mutation », il fallait sortir de nos « visions plus statiques que réellement dynamiques », exhortait l’amiral Guillaud [58]. La guerre, déclarait-il, ne s’improvisait pas au dernier moment[59]. C’était certainement le rôle de la stratégie que d’économiser des moyens dans un contexte de crise et de renforcer la liberté d’action de la nation lorsque sa souveraineté était en péril.

 

»

 

NOTES

 

[1] Une du journal Le Monde en date du mercredi 13 juillet 2011. [2] L’offensive américano-britannique « Liberté immuable » a été lancée le 7 octobre 2001 dans le but de renverser le régime des talibans et de détruire les bases d’Oussama Ben Laden. [3] Voir le texte intégral du discours en annexe. [4] Le concept d’imperium américain, qui avait donné lieu à ô combien d’études et de verbiages au sein des think tanks géostratégiques de la planète n’avait plus de sens. Barack Obama l’enterrait par ce discours: « We are not an empire », admettait-il. [5] Le 19 mars 2003 avait eu lieu l’offensive américano-britannique sur l’Irak, sans qu’un lien eut pu être établi entre le régime de Saddam Hussein et la possession d’armes de destruction massive. [6] Chronique de Christine Kerdellant publiée dans l’Express le 31/05/2011. [7] L’emploi de l’expression « focusing on nation building here at home» était tout à fait intéressant, car il renvoyait aux missions de nation building (construction de l’Etat) menées dans des failing states, fortes demandeuses de moyens et d’énergies. [8] Colorado Springs, dans l’Etat du Colorado, où s’est rendue une équipe de journalistes de l’hebdomadaire La Croix pour recueillir les opinions des militaires et des familles. Journal La Croix daté du 31 août 2011. [9] Ibid. [10] « La guerre n’est plus ce qu’elle était », réflexion du Général (c.r.) Bernard Jouishomme, issu de l’Ecole militaire interarmes de Coëtquidan (Promotion Belvédère 1963-1964), archives personnelles de B. Jouishomme, Aix-en-Provence, 1er décembre 2002. [11] « Victimes de guerre », chronique de Bruno Frappat, La Croix en date du samedi 15 - dimanche 16 janvier 2004. [12] Chronique de Christine Kerdellant publiée dans l’Express le 31/05/2011. [13] Allocution prononcée à l’Hôtel de Brienne le 24 mai 2011 de l’amiral E. Guillaud, tirée de l’Epaulette, n°174, Revue quadrimestrielle de l'association d'officiers éponyme. [14] Le Monde, Bilan géostratégique 2011, p.140. : « Le nombre de catastrophes naturelles enregistrées depuis 1980 a plus que doublé. Ainsi, des scientifiques pensent qu’une nouvelle ère géologique s’est ouverte, celle où les activités humaines transforment le climat ». [15] Cf. annexe / Chapitre VII de la Charte des Nations unies. [16] Selon Michel Foucher, un monde polycentrique « désigne la réalité durable de foyers géographiques et démographiques, économiques et géopolitiques, plus ou moins organisés dans un système centre-périphérie ». M. Foucher l’oppose à la multipolarité qui « suggère un concert des nations bâti d’un commun accord ». Le Monde, Bilan géostratégique 2011, p.142. [17] L’ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes et ex-parlementaire européen Pierre Bernard-Reymond considère que «le centre du monde, qui siégea jadis en Méditerranée puis dans l’Atlantique s’organise, sans nous, autour du Pacifique », article publié le 1er septembre 2010 sur son blog, http://www.senateur-pbr.fr/ [18] The Rise and Fall of the Great Powers, édité pour la première fois en 1987 puis publié de nouveau en 1989 et traduit en 23 langues. [19] P. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, Editions Payot, 1991, p.18 [20] Chronique de Christine Kerdellant publiée dans l’Express le 31/05/2011. [21] « Quand l’Europe s’éveillera », article de Nicolas Weill relatif à l’essai éponyme de Laurent Cohen-Tanugi, Grasset, Le Monde, Bilan Géostratégique 2011. [22] « Poussée de l’extrémisme en Europe », article de Marion Van Renterghem, Le Monde, Bilan Géostratégique 2011, p.144. [23] « L’Europe va-t-elle sortir de l’histoire ? », article de Pierre Bernard-Reymond publié le 1er septembre 2010 sur son blog, http://www.senateur-pbr.fr/ [24] Discours de François Fillon, Premier ministre, prononcé à l’occasion du diner du Cercle de la Revue des Deux Mondes le 24 janvier 2011, publié dans le numéro de mars 2011 de la Revue des Deux Mondes, voir discours intégral en annexe. [25] “Remarks on the Future of European Security”, Hillary Rodham Clinton, Secretary of State, L'Ecole Militaire, Paris, France, January 29, 2010, voir discours en annexe. [26] “the European Union is an invaluable and increasingly effective force for global progress”, dixit Hillary Rodham Clinton, op. cit. [27] Allocution prononcée par l’amiral E. Guillaud à l’IHEDN le 20 mai 2011, tirée de l’Epaulette, n°174, Revue quadrimestrielle de l'association d'officiers éponyme. [28] Conférence “Security and defence du 18-11-2009”, Bruxelles - it "makes sense" for the EU and NATO to cooperate politically and militarily. [29] Christine Kerdellant, op. cit. [30] « Une doctrine pour l’Europe : la stratégie européenne de sécurité », in Guide de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD), rédigé par la représentation française auprès du Comité politique et de sécurité de l’Union européenne avec le concours de la représentation militaire française auprès de l’Ue, Préface de S.E.M. Christine Roger, Edition novembre 2006, pp. 9 - 10. [31] La journaliste et chroniqueuse Christine Kerdellant relève qu’ « en 2015, selon les experts de Jane’s Defense, les Etats-Unis pèseront pour 42% des dépenses militaires mondiales, contre 51% aujourd’hui. La Chine, qui était à 5% en 2010, en représentera 15%... », chronique de l’Express, op. cit. [32] qui représentaient à eux deux 45% des dépenses militaires de l’Union des 27. [33] « Accord de raison entre la France et le Royaume-Uni », article de Nathalie Guibert paru dans Le Monde, Bilan géostratégie 2011, p.37. [34] Ibid. [35] « Où en sommes nous avec la guerre ? », Editorial du numéro de mars 2011 de la Revue des Deux Mondes, op. cit. [36] « Finaliser la transformation », général Irastorza, CEMAT, in TIM n°228 d’octobre 2011, p. 20 [37] « Priorité absolue à la préparation opérationnelle », Edito, article du général Margueron, in TIM n°228 d’octobre 2011, op. cit., p. 3. [38] Nathalie Guibert, « La France veut ’’boxer’’ au-dessus de sa catégorie », article du Monde en date du mercredi 13 juillet 2011, pp. 6 - 7. [39] Ibid. [40] « Quelle armée pour la France au XXIe siècle », article du colonel F. Chauvancy qui s’exprime en son nom, Le Monde en date du mercredi 13 juillet 2011, p. 19 [41] « Finaliser la transformation », général Irastorza, op. cit. [42] Double page L’œil du Monde, Le Monde du mercredi 13 juillet 2011, pp. 6 - 7. [43] Titre d’un article de Nathalie Guibert publié dans Le Monde, Bilan géostratégique 2011, p.37 [44] Nathalie Guibert, « La France veut ’’boxer’’ au-dessus de sa catégorie », op. cit. [45] Double page L’œil du Monde, op. cit. [46] « Finaliser la transformation », général Irastorza, op. cit. [47] « Priorité absolue à la préparation opérationnelle », Edito, article du général Margueron, op. cit. [48] « La France devra-t-elle réduire ses ambitions stratégiques militaires », article de Nathalie Guibert, op. cit. [49] Voir discours intégral en annexe [50] Nathalie Guibert, « La France veut ’’boxer’’ au-dessus de sa catégorie », op. cit. [51] « La France veut ’’boxer’’ au-dessus de sa catégorie », Nathalie Guibert, op. cit. [52] « Quelle armée pour la France au XXIe siècle », article du colonel F. Chauvancy, op. cit. [53] Selon le Grand Larousse Universel, tome 5, 1995, une doctrine, du latin doctrina qui signifie enseignement, méthode, est un « ensemble de croyances ou de principes traduisant une conception de l’univers, de la société, etc., constituant un système d’enseignement religieux, philosophique, politique, [militaire], et s’accompagnant souvent de la formulation de règles de pensée ou de conduite ». Cela peut être aussi une prise de position d’un individu ou d’un groupe sur un problème spécial à un moment donné. [54] « La guerre n’est plus ce qu’elle était », réflexion du Général (c.r.) Bernard Jouishomme, op. cit. [55] « Armée française : risque de surchauffe », article de Nathalie Guibert, publié dans Le Monde du mercredi 13 juillet 2011 [56] « La France veut ’’boxer’’ au-dessus de sa catégorie », Nathalie Guibert, op. cit. [57] Allocution de l’amiral Guillaud, CEMA, prononcée à l’Hôtel de Brienne le 24 mai 2011, op. cit. [58] Ibid. [59] Ibid.