SUÈDE


Visite de l'école française de Göteborg, août 2018

En Suède 🇸🇪, Benjamin Boutin a visité la Franska Skolan, première école française de Göteborg fondée par son oncle Michel. Depuis un quart de siècle, des milliers d'enfants ont été scolarisés en français dans cette importante ville portuaire. La francophonie est, décidément pour Benjamin Boutin, une histoire de famille...

 

« La Franska skolan i Göteborg accueille déjà 300 élèves de l’école maternelle à l’équivalent de la troisième (årskurs 9). À la rentrée prochaine, ce sont deux nouvelles classes parallèles de niveau collège (årskurs 6 et årskurs 7) qui vont voir le jour dans des locaux fraichement rénovés.

 

[...] Lors des cours de français, les élèves sont répartis en différents groupes de niveau. Il y a des élèves de langue maternelle française tout comme des élèves au niveau débutants. Il est également possible dès le collège de suivre des cours de français du niveau lycée et de cumuler des points en avance. La réputation de l’école est excellente du fait d’un enseignement de qualité et de classes de petite taille », selon Noemie A. du blog La Suède en kit.

© Sofia Sabel
© Sofia Sabel

Cinquième ville la plus peuplée des pays nordiques, Göteborg est le siège d'institutions culturelles importantes comme l'opéra de Göteborg, le théâtre municipal et plusieurs musées. La ville accueille également chaque année des événements marquants de la vie culturelle en Suède, à l'exemple du salon du livre de Göteborg en septembre et du Festival international du film de Göteborg en janvier et en février. La ville dispose également d'une Alliance française, fondée en 1892 !


La Francophilie et la francophonie en Suède selon Marie Bruneau, correspondante de Francophonie sans frontières, décembre 2021

« Peut-on parler de francophonie en Suède, ou simplement de francophilie ? Malgré un lien historique très fort entre la France et la Suède, la francophonie, présente à la cour de Suède au XVIIème siècle, a perdu de son dynamisme. Restant empreint de francophilie dans une certaine partie de la population plus âgée, cet intérêt ne demande qu’à être réveillé. Il représente bien plus qu’une simple amitié, mais un atout géopolitique et économique tant pour l’Europe que pour la Scandinavie. Aujourd’hui, quand un francophone se promène en Suède, de nombreux termes lui sautent aux yeux : restaurang, entré, frisor, annons, etc. Le lexique suédois reste le meilleur témoin des échanges historiques qui ont lié la Suède et la langue française. Selon les linguistes, plus de 6% du vocabulaire suédois est emprunté plus ou moins directement au français. Ainsi dans le vocabulaire maritime, on retrouve des termes importés par les Viking, présents en France dès le IXème siècle. Puis ce sont les domaines artistiques et militaires qui se sont enrichis, à travers les séjours des moines de l’abbaye de Clairvaux et d’architectes français en Suède au XIIème siècle, puis ceux des théologiens suédois venus étudiés à Paris dès le XIIIème siècle.


Les relations politiques se sont intensifiées par la suite au XVIème siècle, par la formation des élites suédoises en France, sous Gustave II Adolphe (1594) et la venue de militaires et d’artistes français en Suède. Et au XVIIème siècle, le français est utilisé au sein de la cour de Suède, notamment par la reine Christine. Son influence sera renforcée plus encore sous Gustave III (18ème 1792), dans les domaines artistiques, littéraire et théâtral. Mais loin de rester cantonnée à l’aristocratie, cette francophilie se diffuse à travers la bourgeoisie jusqu’à la campagne, ce qui explique l’incidence linguistique adoptée dans le vocabulaire rural. Le déclin de la francophonie s’opère dès le XIXème siècle pour laisser place à l’allemand, puis plus récemment à l’espagnol, « langue des vacances » privilégiée aujourd’hui par les élèves suédois, car nombreuses sont les familles qui coupent le rude hiver nordique par des vacances au soleil hispanique !

 

Un enjeu de taille pour l’Europe

 

Cependant, la francophonie reste un enjeu de taille pour la Scandinavie, quand on prend en compte le potentiel économique qu’elle offrira dans les années à venir. En effet, la jeunesse francophone devrait doubler d’ici 2070 pour représenter plus d’1,2 milliard d’habitants. La Scandinavie, en s’ouvrant à la francophonie, s’ouvrira à un marché potentiel de plus de 20% des échanges mondiaux. Et dans la perspective du renforcement des échanges européens, la francophonie reste un atout important pour la Scandinavie, puisque le français est la deuxième langue la plus pratiquée au sein des pays membres de l’Union européenne.

 

Un renouveau qui s’opère

 

Aujourd’hui, en Suède, au Danemark ou en Finlande, il y a moins de 10% de locuteurs francophones ou d’apprenants en français langue étrangère (FLE). Néanmoins, on trouve une dynamique constante dans la diffusion de la francophonie en Suède. Elle est nourrie par les différents évènements des institutions et des associations, sur tout le territoire suédois. Le réseau des Alliances françaises offre un maillage essentiel qui propose rencontres d’auteurs, conférences, participation aux divers salons du livre. Les Instituts français participent aux différentes manifestations comme la Journée des langues européennes, la semaine de la Francophonie avec les ambassades francophones. Ils soutiennent les lieux et événements culturels, les artistes francophones. 

 

La mise en place des échanges tant scolaires, comme Un an en France pour les lycéens suédois, aussi bien qu’universitaires, accroissent cette ouverture et notamment la coopération scientifique et de recherche. La Suède offrant un potentiel d’innovation numérique, attire de nombreux entrepreneurs français, intensifiant les échanges dans les hautes technologies.

 

En conclusion, le développement de la francophonie, s’il va permettre de créer des liens plus forts et une compréhension plus importante entre les peuples, se présente surtout comme un élément majeur du renforcement des partenariats entre pays européens, et un atout essentiel de la consolidation de la position de l’Europe sur l’échiquier mondial. »

 

Marie Bruneau

Enseignante et correspondante de FSF en Suède