Madeleine Monette


Romancière, poétesse et nouvelliste, Madeleine Monette est originaire de Montréal et vit à New York, sa ville d'adoption. Lauréate du prix Robert-Cliche 1980, elle est l'auteure de cinq romans : Le Double suspect (1980), Petites Violences (1982), Amandes et Melon (1991), La Femme furieuse (1997) et Les Rouleurs (2007). En 2000, Le Double suspect a été traduit en anglais sous le titre Doubly Suspect. Un premier recueil de poésie, intitulé Ciel à outrances, est paru en 2013.

 

Nominée pour de nombreux prix littéraires dont le Prix Marguerite Yourcenar (États-Unis), le Prix France-Québec (France), le Grand Prix des lectrices d'Elle Québec, les Prix Molson et Ringuet de l'Académie des lettres du Québec, elle a été romancière en résidence à l'Université du Québec à Montréal en 1993-94 et a obtenu en 1994 la première bourse d'écriture Gabrielle-Roy.

 

Plusieurs de ses textes ont été publiés dans des recueils collectifs et lus à la radio ; d'autres sont parus dans des publications littéraires au Québec, au Canada anglais, aux États-Unis, en Italie, en France, en Roumanie, en Martinique et au Maroc. Madeleine Monette est membre de l'Académie des lettres du Québec et du Parlement des écrivaines francophones.


Le petit Paris new-yorkais de Madeleine

Déjeuner à New-York avec Madeleine Monette, mars 2023

La prochaine fois que vous passerez à New-York, allez donc faire un tour dans ce Petit Paris !
La prochaine fois que vous passerez à New-York, allez donc faire un tour dans ce Petit Paris !

New York avait son Chinatown, sa Little Italy, sa Little Ireland et même sa Little Brasil... En mars 2023, je retrouvai à New-York l'auteure québécoise Madeleine Monette (qui vit et écrit en français dans la grosse pomme depuis 1979), à la découverte du Petit Paris / Little Paris ! 📚 « J'aime la littérature qui rend saisissant le rapport entre l'intime et le social. » Après un déjeuner chez "Maman" où Madeleine me fit découvrir deux de ses livres :

 

📒 CIEL À OUTRANCES (Editions l'Hexagone, Montréal, 2013, 112 p.)

📕 LA FEMME FURIEUSE (L’Hexagone / VLB, Montréal, 1997, 336 p.)

 

... La poétesse, romancière, essayiste, membre du Parlement des écrivaines francophones, Madeleine annonça qu'elle serait dans le Grand Paris (cette fois) à l'affiche de la Nuit de la Poésie à la Cité internationale universitaire de Paris le 24 mars ainsi qu'à l'espace littéraire des Éditions des femmes Antoinette Fouque le 28 mars.

L'AMÉRIQUE EST AUSSI UN ROMAN QUÉBÉCOIS

Ma recension de son dernier ouvrage, novembre 2022

L'AMÉRIQUE EST AUSSI UN ROMAN QUÉBÉCOIS avec Madeleine Monette, romancière, poétesse, essayiste née à Montréal, qui habite Manhattan depuis la fin des années 1970 et d'où elle continue à écrire en français. Car, explique-t-elle, « l'écriture s'accommode du dépaysement, de lieux et de langues qui aident le moi à se dénouer ou à se désassembler, à se "déprendre de lui-même" selon la formule de Michel Foucault. »


De sa fenêtre du 11e étage, regardant la ville-monde, écoutant tonner ses éclairs précurseurs, elle continue d'être la petite fille et la jeune femme de son Québec natal. Mais en ayant embrassé son destin de déplacée volontaire, elle a trouvé sa juste place pour écrire. Je ne peux m'empêcher de replacer ce destin littéraire dans la saga collective des francophones d'Amérique. Sans cesse tiraillée entre son « Américanité » et sa « Francité », Madeleine Monette me conforte dans mon idée que la langue française n'est pas une langue étrangère aux États-Unis.

 

En effets, les millions de francophones qui ont contribué et contribuent encore à bâtir ce pays ne doivent pas être effacés. La plupart de leurs descendants ne parlent plus notre langue, mais il reste des racines, des histoires, un substrat culturel. N'oublions pas non plus que cette « américanité » fut aussi, à l'origine, un rêve européen qui s'est enrichi de l'apport d'autres migrants [À ce sujet, voir les écrits de Dean Louder sur la Franco-Amérique].

 

Quand Madeleine Monette écrit : « aujourd'hui, je sais que la langue française est ce par quoi s'affirme mon américanité, qu'elle est ma façon de m'inventer sur le continent américain au carrefour d'autres cultures », je repense à cette déclaration d'amour de Gilles Vigneault : « La langue française, c'est le pays de l'intérieur, le pays invisible, spirituel, mental, moral qui est en chacun de vous. »

 

Par leur justesse, ces « Vues de l'intérieur » de Madeleine Monette s'inscrivent dans la grande littérature. Par ses thèmes, ses analyses, ses réflexions sensibles, c'est un livre que j'attendais. Je vous conseille de vous procurer cet ouvrage paru aux Éditions Nota bene, dans la collection La ligne du risque dirigée par Étienne Beaulieu.

 

Pour ne rien gâcher, Madeleine (que j'ai eu le bonheur de rencontrer à Paris il y a peu) est une personne charmante. Elle était de retour du Liban, où le Parlement des écrivaines francophones l'avait emmenée à la rencontre de ses lecteurs (dans le cadre du festival Beyrouth Livres). Dans un établissement scolaire libanais, elle eut la surprise de découvrir une citation de l'un de ses livres : « Il n'y a que la littérature pour contourner, tout en les déplaçant, les interdits dont sont frappés nos rêves et nos désirs »... De son exil new-yorkais, elle propose un regard sur la littérature du Québec, qui « devient un lieu plus actif de transferts culturels, d'échanges obliques ou de contrastes éclairants », notamment grâce à l'apport d'auteurs essentiels nés hors Québec comme Kim Thúy et Dany Laferrière. Ces auteurs « rendent le connu méconnaissable et l'inconnu attrayant, nous éveillent aux douleurs et aux conflits d'une humanité élargie, soulèvent une folle envie d'être bienveillants. »

 

Que dire de plus ? Peut-être que « la littérature est par bonheur un lieu d'identités en devenir, de glissements de territoires et de cultures, de fusions d'histoires d'avant et de maintenant, d'ici et d'ailleurs, et qu'elle peut rendre sensible le bel inconfort des différences. » Merci, Madeleine Monette !

 

Benjamin Boutin

Directeur de France-Canada et Président d’honneur de Francophonie sans frontières