À l’été 2023, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght présentera une exposition monographique consacrée à l’immense artiste Jean Paul Riopelle dans le cadre de “Riopelle 100”, année du centenaire de sa naissance. L’exposition montrera l’œuvre de Riopelle comme il n’a jamais été vu – peinture abstraite et figurative, sculpture, céramique, tapisserie, gravure – grâce à de nombreux prêts exclusifs et au commissariat de sa fille, Yseult Riopelle.
Cette exposition sera l’occasion d’une programmation estivale dédiée à l’artiste : concerts, projections de films en plein air, ateliers pour enfants… Elle marquera aussi le grand retour de la danse à la Fondation Maeght avec « Passages » de Noé Soulier dans des décors que Riopelle avait imaginés pour Merce Cunningham en 1967.
À l'occasion de la Fête nationale du Québec, le 24 juin 2023, France-Canada voulut aller sur les pas du grand peintre québécois Jean Paul Riopelle (1923-2002), dont on célèbre en 2023 le Centenaire ! Peintre de renommée internationale né à Montréal, il fut longtemps le compagnon de Joan Mitchell avec qui il vécut à Vétheuil. Dominique Herpin-Poulenat, mairesse de cette charmante commune du Val-d'Oise en Île-de-France nous reçut devant l'établissement scolaire nommé en l'honneur de Jean Paul Riopelle en 2003.
Roxane Fossé, présidente des Amis de Vétheuil nous fait découvrir l’église de Vétheuil classée aux monuments historiques, immortalisée par Monet et Riopelle ! Une belle façon de célébrer la Saint Jean-Baptiste et les liens croisés artistiques France-Québec-Canada !
Débarquant en Normandie dans la France en ruine le 24 août 1946, Riopelle tombe sous le charme de la lumière irisée des rives de la Seine, où l’impressionnisme est né. «J’ai décidé que c’était en Île-de-France, là où la lumière est la plus belle, que je vivrais.» Quelque vingt ans plus tard, la chance qui mit Giverny sur la route de Monet joue en sa faveur. La compositrice Betsy Jolas annonce à Jean-Paul et Joan Mitchell, compagnons de vie depuis 1958, qu’une propriété est à vendre dans le village de Vétheuil, à 60 kilomètres de Paris. Sise sur deux acres, elle comprend un bâtiment principal baptisé la Tour, une dépendance en pierres idéale pour l’installation d’un atelier, et en contrebas des jardins, donnant sur la route, la maison du jardinier et de la cuisinière, celle-là même que loua Claude Monet en janvier 1878 et qu’il dut quitter en 1881, par défaut de paiement.
Contrairement à lui, riches et célèbres, Jean-Paul et Joan (qui vient d’hériter de sa mère, veuve fortunée à Chicago) décident en 1967 d’acheter la Tour, enchâssée dans un site admirable. Au pied d’un terrassement de la route coule la Seine, parsemée d’îles, où circulent péniches et chalands. Des coteaux relèvent la ligne d’horizon, sur laquelle se dresse, dominant le village du haut de ses cinquante marches irrégulières, la silhouette imposante de l’église Notre-Dame. D’où que l’on regarde, la vue enchante, mais la perspective privilégiée par Riopelle marie l’espace et le temps, le paysage et l’Histoire, dans la verticalité de son architecture édifiée du XIIe au XVIe siècle. S’il déplore dès son arrivée que « le Français n’est certainement plus un constructeur de cathédrale », c’est précisément parce qu’il admire les bâtisseurs et les artisans de telle bible de pierres.
Monet vénérait au fil des heures et des saisons « sa » cathédrale de Rouen, Riopelle adore « son » église de Vétheuil. Il lui consacre quantité de dessins, de lithographies, de fragments et de collages, et même après avoir quitté Joan et la Tour, d’autres clochers en d’autres lieux le ramèneront à elle(s), en des variantes pour lesquelles il retrouve sa manière délicate, son trait subtil et broussailleux, l’impression réanimée par le souvenir à la recherche du temps perdu. Dès 1970, il produit de l’église sa représentation la plus reconnaissable, déclinée en quatre versions. La lithographie en couleurs Vétheuil détaille la topographie du lieu et l’architecture. La façade Renaissance orientée à l’Ouest arbore un portail en plein cintre surmonté d’un fronton triangulaire et de balustres, ses niches latérales vidées de leurs statues par la Révolution...
« C'est une œuvre majeure que je vais voir à chacun de mes passages dans la belle ville de Québec !
L'hommage à Rosa Luxemburg de Jean-Paul Riopelle fut réalisé en 1992 lorsque le peintre québécois apprit la mort de son ancienne compagne, la peintre américaine Joan Mitchell. Ce tryptique de 30 mètres de longueur, jaillissement émotionnel, a été admirée au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), depuis son acquisition en 1996, par près de 1 500 000 visiteurs. C'est la plus grande œuvre jamais réalisée par l'artiste !
Lorsqu’il apprend la mort de Joan Mitchell (1925-1992), sa compagne pendant vingt-cinq ans, Riopelle décide de lui consacrer un immense triptyque composé de trente peintures qu’il intitule L’Hommage à Rosa Luxemburg. L’œuvre, qui se décline comme une « une succession de tableaux animaliers », n’est pas peinte à la spatule, un outil largement associé à Riopelle, mais à la bombe aérosol, une technique qui marque sa fin de carrière, selon l'historien d'art François-Marc Gagnon, qui explique : « L’artiste crée son œuvre en posant ses panneaux à plat, sur une table, l’un après l’autre. Pour produire L’Hommage à Rosa Luxemburg, une œuvre de plus de 10 mètres de long, il utilise trois rouleaux de toile qu’il déroule au fur et à mesure pour y peindre. Sur la toile, il pose divers objets de la vie courante, certains plus inusités que d’autres, allant des volatiles morts à des fers à cheval, des ventilateurs de radiateur, divers outils, des boulons, des clous et des vis. Riopelle projette sa peinture à la bombe aérosol sur chaque objet et obtient ainsi de vraies empreintes, laissant sur la toile des silhouettes ou des taches. Cette évocation des objets par leur absence est particulièrement significative lorsque l’on considère que l’œuvre est peinte dans le contexte du deuil d’un être cher. »
Joan Mitchell aimait à dire qu'elle peignait pour survivre ; qu'elle peignait pour elle... et pour ses chiens ! « La peinture, c'est l'inverse de la mort », croyait-elle.
Influencée par Matisse, Cézanne, Monet, Van Gogh, l'artiste américaine trouva à Paris la liberté de développer son style. Elle y rencontra Jean-Paul Riopelle, peintre canadien qui deviendra son compagnon, avec qui elle partagea son atelier. L'été en Méditerranée, les fins de semaine à Vétheuil en Normandie, cette compositrice de la couleur et de la lumière décela sur les eaux de la Seine les reflets du Lac Michigan de son enfance.
La Fondation Vuitton met ses œuvres en dialogue avec celles de Monet. Bien vu ! On relève notamment les thèmes communs de l'eau et des jardins, les effets de miroitement, d'ondulation, de végétation... Ces toiles sont les projections de leurs émotions face à des paysages mémorisés.
On qualifia la peinture de Mitchell d'expressionnisme abstrait. Toujours est-il qu'elle inventa son vocabulaire pictural propre pour retranscrire sur la toile ses émotions ("feelings"), parfois même ses hantises, tout en légèreté, en couleur, en poésie.
Même diminuée par le cancer durant les dernières années de sa vie, elle garda une gestualité expressive, puissante et thérapeutique tout à fait remarquable.
Les expositions « Monet - Mitchell » mettent en scène un dialogue inédit entre les œuvres de deux artistes exceptionnels, Claude Monet (1840-1926) et Joan Mitchell (1925-1992). Ce « Dialogue Claude Monet - Joan Mitchell » est introduit par l'exposition « Rétrospective Joan Mitchell » qui permet la découverte de l'œuvre de Joan Mitchell par le grand public français et européen. Une exposition en collaboration avec le Joan Mitchell Center situé à La Nouvelle-Orléans !
Résumé : « On dit de la peintre Joan Mitchell qu'elle entrait dans une pièce comme Katharine Hepburn franchissait la porte d'un saloon ! Une allure, une présence et du bruit. Et c'est de façon tonitruante que "Big Joan", comme elle se surnommait elle-même, est entrée dans ma vie, par le biais d'un tableau. Cette impression d'être immergée sans oxygène devant la profondeur d'un diptyque de Joan Mitchell, je l'ai vécue pour la première fois au MoMA de New York il y a une dizaine d'années. J'ai été foudroyée par l'énergie du coup de pinceau, éblouie par la puissance des couleurs, sans comprendre ce qui m'arrivait. Et depuis la violence de ce choc sensoriel, je n'ai plus quitté ni la peintre, ni la femme. Quelle a été la vie de cette Américaine au caractère imprévisible, de cette héroïne, alcoolique et colérique, fascinante et effrayante, puissante et si fragile qui a choisi de vivre en France ? Née en 1925 à Chicago dans une famille de la haute société, morte à Paris en 1992, Mitchell a su s'imposer comme figure majeure de l'abstraction dans un monde alors presque exclusivement masculin. Ce récit est une enquête sur une femme libre... »